Le tournant

Stats Australie :

Position : Monkey Mia, Shark Bay
Arrivée : 22/10/2019
Distance parcourue : 4’239 Mn
Temps passé : 129 jours
Moteur : 55 Mn
Mouillages : 82
Visa restant : 237 jours

Les horaires sont en heure locale du Western Australia (UTC+8), formatés sur 24 heures

Préambule

Quittant Broome, nous ne savons pas quel sera notre prochain stop. En revanche, ce que nous savons c’est que notre confrontation avec les vents de Sud de la côte Ouest est éminente, débordant le North West Cape, ils annonceront le début du louvoyage, donc le début des difficultés. Nous appréhendons particulièrement les 220 milles de côte s’étirant entre le North West Cape et Carnarvon sujets à un continuel flux de Sud, la plupart du temps supérieur à 25 nœuds, signifiant, à l’allure du près, un vent apparent de 30 nœuds (et plus dans les rafales) avec une mer du vent en conséquence. Il nous faut un petit miracle car pour L’Envol c’est beaucoup trop, 15 nœuds de vent réel pour 20 nœuds apparents, sous trinquette et 2 ris dans la GV, sont le maximum que le bateau peut tolérer pour zigzaguer sereinement dans le vent sans trop dériver et sans devoir trop tirer sur le gréement. 10 nœuds sous génois et GV arrisée (1 ris) seraient même amplement suffisants avec la garantie que la mer du vent soit à notre dimension. Avec moins de 6-7 nœuds la composante de dérive redevient prépondérante rendant le louvoyage inefficace, les bords se superposent, on fait du surplace.

Météo typique de la côte Ouest (16/10 à 2:00 AM)

Météo typique de la côte Ouest (16/10 à 2:00 AM)

La marge de manœuvre au près serré est donc étroite. Plus encore, une fois le bateau lancé avec la toile du temps, c’est-à-dire la superficie de voile qui convient à la force du vent, il est primordial que les surventes n’excèdent pas 2 nœuds car au-delà le bateau ne peut plus absorber cette masse de vent appuyant sur les voiles, il se vautre, se couche et finalement dérive. Une solution simple mais à l’efficacité limitée consiste à choquer et reprendre de l’écoute de GV à la demande, ensuite il faut réduire et renvoyer de la toile, des manœuvres plus longues et exigeantes – surtout sur la voile d’avant endraillée – qui sont peu compatibles avec de brusques et incessants changements du vent en force. Bref, la navigation au louvoyage peut rapidement devenir très sportive. C’est pourquoi nous sommes vulnérables à cette allure délicate, spécialement sur les navigations de plus de 24 heures où la gestion des repas et du repos se retrouve en compétition avec la bonne marche du bateau.

Autre considération, le vent peut être dans notre plage de navigation mais la houle trop grosse – du fait de son inertie, elle tarde à s’estomper – ce qui réduit d’autant la durée des créneaux exploitables. Au louvoyage, donc en zigzag, nous parcourons 100 à 110 milles en 24 heures, soit une vitesse moyenne de 4 à 4,5 nœuds, mais sur l’axe de notre route directe cela se traduit par une progression d’à peine 60 milles, soit une vitesse moyenne de 2,5 nœuds ! Confirmant assez justement l’adage qui dit à propos du louvoyage :

Deux fois la route, trois fois le temps, quatre fois la rogne

Si nous pouvons optimiser nos virements de bord en les synchronisant avec une bascule de vent même subtile ou en les callant sur l’alternance des brises de jour/nuit on peut espérer couvrir sur l’axe de notre route directe 70 à 80 milles en 24 heures.

En conclusion, pour tourner le North West Cape et rejoindre Carnarvon – 440 milles de louvoyage potentiel – nous avons besoin de 4 jours de vents maniables. Si cette portion de côte offrait quelques abris fiables, on pourrait scinder cette navigation en plusieurs tronçons, attendant patiemment la météo adéquate, mais se n’est pas le cas. Il nous faut donc un miracle. Dans le pire scénario, nous pourrions être obligés de fuir dans l’Océan Indien, contraints de poursuivre prématurément ce tour du monde par la route des tropiques, une route qui après 3 ans de transpacifique ne nous attire plus, le climat y est définitivement et immuablement trop chaud !

Quittant Broome (18 degrés de latitude Sud) le 10 octobre, nous n’avons que peu de temps pour nous mettre à l’abri de la saison des orages qui précède les premiers cyclones de l’été austral. Pour cela nous devons rejoindre les 26 degrés de latitude Sud avant le mois de novembre, latitude que ces monstres carburant aux eaux chaudes tropicales ne peuvent atteindre sans mourir de froid. Carnarvon par 24° 54’ Sud est le premier port de la côte Ouest d’Australie hors zone cyclonique. De Broome à Carnarvon, c’est plus de 700 milles nautiques soit quelques 1’300 kilomètres qu’il nous faut couvrir.

Il est clair que nous n’avons maintenant plus aucune velléité touristique, seule notre progression nous importe, nous accapare l’esprit et fait de la météo, notre religion, le bulletin de prévision, notre Bible. C’est pourquoi nous ne savons pas quel sera notre prochain stop car tant que la nature nous ouvre la voie, nous poursuivrons bords après bords, milles après milles, chacun d’entre eux nous rapprochant de Carnarvon, notre objectif, notre sécurité, si loin, si désiré, si improbable.

Parmi toutes ces contrariétés, Il y a quand même un élément en notre faveur : le courant Leeuwin descend la côte Ouest avec nous, même si en octobre il n’est pas à son maximum, on peut à priori compter sur 0,25-0,5 nœud sur le fond, c’est toujours ça de pris.

Dans le vif

Jour 1

> Jeudi 10 octobre 2019
> 9 heures de navigation
> 44 Mn dont 38 Mn sur la route directe
> 5 Nds de vitesse moyenne
> Pas de moteur

Partis de Broome à 11:00 du matin, la brise tombe avec la nuit et nous jetons l’ancre au milieu de nulle part à l’Ouest du Cap Latouche Treville à près d’un mille de la côte. Les faibles profondeurs ne permettent pas de s’en approcher davantage.

J1-2 Départ de Broome, Eighty Mile Beach

J1-2 Départ de Broome, Eighty Mile Beach

Jour 2

> Vendredi 11 octobre 2019
> 24h de navigation
> 111 Mn dont 97 Mn sur la route directe
> 4,6 Nds de vitesse moyenne
> Pas de moteur

A 6:00 le lendemain matin nous mettons le cap au SW. On fait le pari osé de traverser directement au large d’Eighty Mile Beach, ce qui raccourcit la route d’une vingtaine de milles mais nous fait perdre la possibilité de mouiller pour la nuit en cas de pétole. Ce n’est pas gagné car le vent météo faible nous assigne à un régime de brises. Le matin le vent se cherche, un peu de spi au largue puis au travers rattrapés par des écharpes de brouillard, un peu de gennaker au bon plein, puis les conditions s’établissent au près serré tribord amure. Virement de bord durant la nuit dû au changement de brise.

Sur ces premières 24 heures on s’en tire plutôt bien avec à peine un trou de vent d’une heure en début de nuit durant lequel nous dérivons à sec de toile le temps que la brise s’inverse. On abandonne une petite quinzaine de milles à la route directe. Mine de rien, nous naviguons dans l’Océan Indien mais sans la houle du grand Sud bloquée par le continent-île.

Jour 3

> Samedi 12 octobre 2019
> 24h de navigation
> 127 Mn dont 121 Mn sur la route directe
> 5,3 Nds de vitesse moyenne
> Pas de moteur

J3 Eighty Mile Beach, Port Hedland

J3 Eighty Mile Beach, Port Hedland

Quasiment 24 heures de route directe tribord amure, majoritairement au bon plein, un peu de gennaker. Nous en terminons avec Eighty Mile Beach puis passons sans remord au large de la ville industrielle de Port Hedland. Le hasard du découpage des 24 heures donne à cette trace une forme étrangement symétrique. Elle fait bien ressortir les changements, plus ou moins concomitants, de brises et d’amures en début et fin de période.

Jour 4

> Dimanche 13 octobre 2019
> 24h de navigation
> 106 Mn dont 78 Mn sur la route directe
> 4,4 Nds de vitesse moyenne
> Pas de moteur

Le matin les conditions tardent à s’installer puis cap est mis au SW dans un long bord de rapprochement de la côte au près serré tribord amure. L’objectif est de diminuer le fetch pour le coup de vent annoncé dans la nuit. Louvoyage nocturne sous trinquette et GV arrisée (1 puis 2 ris) à proximité de Port Walcott.

J4-5 Dampier via Flying Foam Passage

J4-5 Dampier via Flying Foam Passage

Jour 5

> Lundi 14 octobre 2019
> 24h de navigation
> 120 Mn dont 81 Mn sur la route directe
> 5 Nds de vitesse moyenne
> Pas de moteur

Dans les environs de Dampier

Cap à l’Ouest au louvoyage. Passage proche de la ville de Dampier via Flying Foam Passage, ambiance industrielle dans un décor plat de désert rouge. Nous coupons trois chenaux, slalomant entre les nombreuses marques de passage. Le dernier bulletin de prévision nous encourage à continuer, dans quelques jours une période de calmes semble affecter le North West Cape. Si on avance bien on a une chance d’arriver à temps pour en profiter. Un long bord de près serré vers le large en direction des îles Montebello permet d’amortir un second coup de vent nocturne sous génois à moitié enroulé et 2 ris dans la GV. La mer est dure, le bateau tape. Il eu été préférable de gréer la trinquette !

Jour 6

> Mardi 15 octobre 2019
> 9 heures de navigation
> 55 Mn dont 49 Mn sur la route directe
> 6,1 Nds de vitesse moyenne
> Pas de moteur

Port Weld et son raccourci, au Nord Mary Anne Passage

Port Weld et son raccourci, au Nord Mary Anne Passage

Cap au Sud. Virement au large entre les îles Montebello et Barrow, une zone truffée de plateformes pétrolières disgracieuses. S’ensuit un long bord de rapprochement au près d’abord serré puis adonnant – emmenés par le flot – avec un final au sprint dans une brise fraîchissante. On jette l’ancre à Port Weld, un mouillage inhabité et sauvage à proximité de Mary Anne Passage, un des rares offrant une protection presque complète excepté des vents de Nord et NE. Nous y faisons relâche pour la nuit afin de laisser passer un troisième coup de vent nocturne, se reposer et paramétrer au mieux notre passage du North West Cape. Nous ne sommes plus qu’à 24 heures du cap, si nous naviguions toute la nuit nous nous ferions cueillir par des vents de Sud soutenus et une houle forte. Il faut laisser passer un peu de temps, suite à quoi il semble se confirmer un créneau de vents maniables pour plusieurs jours. On espère que se soit notre chance.

J6-7 Mary Anne Passage, Port Weld

J6-7 Mary Anne Passage, Port Weld

Jour 7

> Mercredi 16 octobre 2019
> 24h de navigation
> 99 Mn dont 75 Mn sur la route directe
> 4,1 Nds de vitesse moyenne
> 1,4 Mn au moteur

Cap au SW au louvoyage. Départ à 4:30 du matin. Extraction de Port Weld par un cheminement étroit entre les récifs coralliens (courant à contre). Cette option délicate nous évite le détour par Mary Anne Passage et nous fait gagner plus de 10 milles. D’autre part, le rétrécissement de Mary Anne Passage draine du courant et l’horaire du jusant (à faveur) tombait trop tôt pour être pleinement exploitable. Après un flottement de deux heures le temps que la brise s’établisse, nous faisons enfin route dans des vents faibles. Progressivement, les conditions prennent un peu d’ampleur et L’Envol accélère.

Plateforme pétrolière (Onslow)

Plateforme pétrolière (Onslow)

Nous passons proche de la ville d’Onslow puis nous nous lançons dans la traversée du golfe d’Exmouth. Durant la nuit le vent fraîchit, la trinquette prend le relais avec 2 ris dans la GV. Le North West Cape, ce point d’inflexion stratégique, est maintenant tout proche, on retient notre respiration.

Jour 8

> Jeudi 17 octobre 2019
> 24h de navigation
> 110 Mn dont 69 Mn sur la route directe
> 4,6 Nds de vitesse moyenne
> Pas de moteur

Cap au SSW au louvoyage. Passage à 13 milles au large de la ville d’Exmouth. Le dernier bulletin météo nous confirme que la porte est ouverte. Par 21° 42’ de latitude Sud nous doublons le fameux cap dans un long bord au large, laissant résolument la côte NW dans le sillage, nous retrouvons la houle des hautes latitudes, l’étrave fendant gaillardement ces eaux aux parfums d’occident. Louvoyage le long du Ningaloo Reef. Les vents sont étonnamment déférents à notre égard, nous qui croisons ces lieux malfamés dans un si petit bateau. Sous génois et GV haute, le près reste sportif dans une mer formée due à une houle résiduelle mais le vent est homogène. On s’alimente bien et on peut prendre tout le repos nécessaire.

Durant 20 heures, le vent ne bougera pas en direction, toujours parallèle à la côte, parfaitement dans le nez, le louvoyage en est laborieux et notre progression s’en ressentira avec seulement 69 milles parcourus sur notre route ! Après minuit, le vent commence lentement sa rotation annoncée au SSE. C’est parti pour un long bord de près serré s’incurvant progressivement au SSW. Nous nous éloignons au large de la côte bâbord amure.

J8-9 Exmouth, North West Cape

J8-9 Exmouth, North West Cape

Jour 9

> Vendredi 18 octobre 2019
> 24h de navigation
> 113 Mn dont 88 Mn sur la route directe
> 4,7 Nds de vitesse moyenne
> Pas de moteur

Le réchaud donne l’horizon

Le réchaud donne l’horizon

Cap au Sud au louvoyage. 10:30 du matin, nous sommes maintenant à 30 milles de la côte, ce long bord de près – plus de dix heures de navigation dans un régime de SSE – trouve sa conclusion quand le vent reprend sa position naturelle au SSW, nous virons alors de bord tribord amure. Durant le long bord de rapprochement au près serré qui s’ensuit, 57 milles en 12 heures, le vent adonne encore largement – optimisant notre cap – avant de refuser légèrement. Cette bascule nous aura permis d’avancer au vent de façon spectaculaire, avec un angle magique de 50 degrés d’un bord sur l’autre ! Ordinairement nous devons nous contenter de 100 degrés ou pire. En plus la houle est retombée et l’état de la mer reflète enfin les conditions de vent du moment, 10-15 nœuds, la navigation devient agréable. Nous zigzaguons le long de la côte.

Cheveux de glace

Cheveux de glace

Jour 10

> Samedi 19 octobre 2019
> 18 heures de navigation
> 78 Mn dont 64 Mn sur la route directe
> 4,3 Nds de vitesse moyenne
> Pas de moteur

Cap au SSE. Louvoyage le long de la côte, la mer est si plate et le soleil si éclatant que nous en profitons pour nous laver en navigation dans le cockpit ! Entrée dans la Shark Bay via le cap Cuvier sur un bord légèrement adonnant (tribord amure). Final de nuit sous 3 ris car il faut ralentir pour négocier au mieux le chenal étroit qui donne accès à Teggs Channel. Nous y jetons l’ancre temporairement car ce mouillage excentré ne permet pas de débarquer à la rame, demain nous irons mouiller devant le Yacht Club. On est soulagé et heureux d’avoir rallié sans encombre et sans délai la ville de Carnarvon.

Depuis le North West Cape, sur les 440 milles et 4 jours de louvoyage de notre estimation de départ, nous en avons finalement réalisé 301 en moins de trois jours. Rapportés aux 220 milles de la route directe, nous avons rallongé la route d’un coefficient 1,37 faisant mentir l’adage !

J10-13 Shark Bay, Carnarvon et Monkey Mia

J10-13 Shark Bay, Carnarvon et Monkey Mia

Jour 11

> Dimanche 20 octobre 2019
> 44 minutes de navigation
> 1 Mn
> 20 mètres au moteur

Grosse déception, on savait que depuis 2017 le chenal d’accès au Yacht Club était comblé par le sable mais on pensait que l’investissement colossal de quelques locaux qui tentent de le draguer envers et contre tout avait fini par payer. Malheureusement il n’en est rien, le chenal est toujours fermé et ne sera probablement jamais ré-ouvert. Une reconnaissance en annexe nous confirme le peu d’eau disponible. Pas possible de s’arranger avec la marée car sur la côte Ouest son amplitude est faible et nous sommes en mortes-eaux. Il reste l’alternative du Small Boat Harbour, son chenal est profond mais la flottille de pêche locale y trouve déjà refuge, petit, vite saturé, il est en plus hors de prix ! Une situation étrange et dommageable, Carnarvon étant stratégiquement situé le long de cette côte déshéritée en matière d’abris sûrs.

Avant la nuit (Small Boat Harbour)

Avant la nuit (Small Boat Harbour)

On profite de l’absence des officiels (c’est dimanche) pour mouiller sans frais dans la petite rade du Small Boat Harbour afin de procéder à un avitaillement à la ville de Carnarvon distante de quelques kilomètres. On fait la connaissance de Kevin et Janie sur leur cata Sojourn, seul voilier dans ces lieux délaissés par la plaisance. Ce couple incroyable a fait de l’inhospitalière côte Ouest son terrain de jeu, déjà dix fois qu’ils la sillonnent de Mandurah au Kimberley et retour. Cela nous rassure quelques peu pour la suite. Ils nous prêtent, oh joie, leurs bicyclettes pliables. Non contents de pouvoir pédaler un peu, voilà qui va considérablement nous simplifier la tâche pour rentrer avec nos gros sacs chargés de victuailles !

Trop bon !

Trop bon !

Le soir, à l’occasion d’un buffet dînatoire sur Sojourn, Kevin et Janie nous coachent pour la suite : stratégie de navigation et mouillages gratuits le long de la côte Ouest, conseils et lignes prêtent à l’emploi pour pêcher le whiting… Merci les amis !

Difficile à accepter mais on ne peut pas rester plus longtemps ici, les vents de Sud vont forcir dans les prochains jours nous coinçant durablement dans ce piège couteux. Sur les conseils de nos nouveaux amis, nous pensons rejoindre Monkey Mia, 55 milles à notre Sud, une resort accueillante implantée sur la côte Est de la péninsule Peron. Etonnamment, cet excellent mouillage (sauf peut être par tendance Nord) cerclé de hauts-fonds protecteurs est l’unique option viable de toute la gigantesque Shark Bay. On pourra y attendre sereinement un créneau adéquat pour poursuivre notre tour d’Australie maintenant bien entamé.

Jour 12

> Lundi 21 octobre 2019
> 16 heures de navigation
> 69 Mn dont 46 Mn sur la route directe
> 4,3 Nds de vitesse moyenne
> 11 Mn au moteur

Après quelques heures de sommeil, nous déployons toute l’énergie qui nous reste encore pour appareiller à 1:30 du matin, on a tout juste le temps d’atteindre Monkey Mia au louvoyage avant que la nature nous referme la porte au nez. Sous trinquette et 2 ris dans la GV, le près est teigneux dans une mer hachée, nos bords s’en ressentent avec 130 degrés d’un bord sur l’autre. Même si la houle est absente de l’équation grâce aux îles Bernier et Dorre fermant la Shark Bay à notre Ouest, les faibles profondeurs (15 mètres) et la brise qui provient du fond de la baie génèrent un fetch d’une centaine de milles rendant la navigation particulièrement dure.

Ce vent frais tombera complètement entre 13:00 et 15:00 avant de reprendre de plus belle, un pattern étrange assez classique du coin. Ne pouvant attendre le moteur est mis à contribution durant l’interlude puis sans transition le louvoyage reprend dans la même configuration sous trinquette et 2 ris dans la GV.

Quand la nuit approche nous sommes encore à 15 milles de notre objectif. Lessivés, nous décidons d’arrêter les frais en mouillant dans la Herald Bight. Le fond est constitué d’un dense herbier de plantes marines (seagrass). On zone un moment au moteur le temps de dégoter un patch de sable de quelques mètres où nous déposons l’ancre. Il est temps, la nuit prend la place, mouillés dans 2 mètres d’eau à près d’un mille de la plage, nous relaxons sur un bateau enfin rendu à plat.

Jour 13

> Mardi 22 octobre 2019
> 7 heures 15 de navigation
> 31 Mn dont 20 Mn sur la route directe
> 4,2 Nds de vitesse moyenne
> Pas de moteur

Départ à 5:20 au portant le temps de contourner les hauts-fonds qui bordent la Herald Bight à l’Est. 4 milles faciles avant de retrouver les embruns fouettards du près serré, sa gîte prononcée et son tangage violent quand la coque éclate en résonance sur la crête des vagues. Dès le premier bord c’est la lutte avec des rafales à 25 nœuds apparents, pour la première fois la trinquette est arisée tandis que la GV a 2 ris de pris. Dans ces conditions difficiles, le bateau s’arrête à chaque vagues et peine à repartir, pataud, hésitant, il tient péniblement l’allure, il souffre et nous avec lui. Après une heure de ce traitement les éléments se calment progressivement.

Le ris dans la trinquette est relâché puis le génois prend le relais tandis que la GV est entièrement déployée. Le louvoyage continue jusqu’en début d’après-midi. Nous mouillons enfin en compagnie des bateaux locaux dans ce qui ressemble à un petit paradis, dauphins, pélicans et émeus côtoient ici avec bonheur les humains. A priori, nous sommes bloqués-volontaires pour un moment et c’est tant mieux, la mer est ainsi faite qu’il faut parfois du temps pour réapprendre à l’aimer.

Pélican en goguette (Monkey Mia)

Pélican en goguette (Monkey Mia)

Au total depuis Broome, nous avons parcouru au louvoyage 1’065 milles en 228 heures (soit en 9 jours et demi escales déduites). Rapportés aux 775 milles de la route directe, nous avons rallongé la route du même coefficient (1,37). Notre moyenne journalière sur l’axe de notre route directe s’établit à 82 milles – mieux que les 60 milles de la version pessimiste – soit une vitesse moyenne de 3,4 nœuds. Aux allures portantes, la moyenne journalière de L’Envol tourne autour des 125 milles, soit une vitesse moyenne de 5,2 nœuds.

A suivre…








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La trace GPS du bateau, nos traces GPS à terre (en trek, en stop…) et nos waypoints d’escales en Australie sont visibles et téléchargeables gratuitement à partir de cette carte du voyage interactive. Sur un fond d’images satellites, vous pouvez zoomer, vous déplacer et cliquer sur les traces et les escales de L’Envol pour obtenir plus d’information.

Publié le 24/01/2020 depuis le mouillage de Risby Cove, village de Strahan, Macquarie Harbour, île de Tasmanie, Tasmania, Australie, GPS 42 9.26 S 145 19.91 E

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