Le dédale fidjien

Iles Fidji
du 4/10 au 21/11/2017, 7 semaines de navigation
671 Mn dont 32 Mn au moteur (17 Mn pour la rivière Nasavu)
6 îles, 28 mouillages
95,3% à la voile

Les horaires sont en heure locale formatés sur 24 heures

La passe Sud de Wallis est franchie sans difficulté sous voiles. Comme notre trajectoire est au SW et que le vent vient du SE, il en résulte un près pas trop serré. La météo annonce un renforcement de l’alizé dans la nuit du deux au trois octobre, passant de force cinq à force six Beaufort. Le 2/10 à 9:00 – pour nous ménager un peu de marge – nous quittons la route directe et nous confortons notre près. Onze heures s’écoulent sur ce cap qui nous fait gagner au vent. Dans la nuit, nous compensons la montée de l’alizé en abattant progressivement : 10° sont concédés à 20:00, puis 20° à 23:00, enfin les derniers 10° à 4:00 nous ramènent sur la route directe à l’allure du travers.

Nous sommes encore à dix-sept milles de l’atoll de Wailagilala. Il matérialise le début du très vaste Nanuku Passage, une des portes d’entrée dans l’enceinte corallienne des îles Fidji. Nous passons l’atoll le 3/10 à 7:00, laissant à quatre milles sur bâbord son feu bien visible. A 19:30, nous achevons le contournement du Cap Sud de l’île de Taveuni et entrons de plein pied dans la Mer de Koro.

Les conditions de mer et de vent sont excellentes. Il nous reste à peine quarante-cinq milles jusqu’à Savusavu, notre port d’entrée aux Fidji sur l’île de Vanua Levu, mais nous devons ralentir car – aussi étrange que cela puisse paraître – le coût des formalités est doublé si l’atterrissage a lieu en dehors des heures de bureau ! Alors nous affalons tout et nous nous laissons pousser au portant par le seul fardage du bateau. Quand le jour se lève nous sommes en approche de Point Passage, une large ouverture dans le corail qui donne accès à la grande baie de Savusavu. Nous prenons une bouée de Waitui Marina le 4/10 à 7:30. La journée de travail des officiels débute, notre budget est sauf mais sur les douze dernières heures de navigation notre vitesse moyenne est tombée à 3,75 nœuds !

Neuvième étape de la transpacifique de Wallis aux Fidji

Neuvième étape de la transpacifique de Wallis aux Fidji

Récapitulatif de l’étape :

du 1 au 4/10/2017
378 Mn – 2 jours et 23 heures de navigation effectuée à la voile
vitesse moyenne : 5,35 Nds
jour 1 : 138 Mn
jour 2 : 145 Mn
jour 3 : 95 Mn

Nous ne sommes pas les seuls voiliers fraîchement arrivés et nous attendons pour les formalités une bonne partie de la matinée. La santé-quarantaine nous visite en premier, c’est aussi le plus cher, 70 euros ! A 13:00, les trois officiels de l’immigration, des douanes et de la biosécurité nous abordent mais c’est déjà l’heure du déjeuner. Avant qu’ils ne montent à bord, Carina s’assure que nous serons assujettis au tarif normal. Comme aux Samoa, ils ne disposent pas de leur propre embarcation, c’est la barque et le personnel de la marina qui déplacent tout le staff de bateau en bateau. L’ambiance tient de la cours d’école, ça piaffe et ça rigole sans pudeur, certains semblent enjamber des filières pour la première fois, le tout manque de sérieux et de crédibilité. Le coût total, 105 euros, représente une grosse somme d’argent aux Fidji. En Polynésie française les formalités d’entrée/sortie étaient gratuites, aux Samoa elles nous ont coûtés 19 euros pour sortir et nous paierons 23 euros pour entrer en Nouvelle-Zélande. Comme il faut se déplacer pour s’acquitter de la dîme, nous constatons que leurs locaux sont vieux et décrépis, où va donc l’argent ? Le welcome Fidjien sonne faux comme des pièces trébuchantes.

Vestige du rite coutumier, la cérémonie du sevusevu se retrouve ailleurs dans l’Ouest du Pacifique comme aux Samoa ou à Wallis. Spécificité fidjienne, le touriste y est associé. Le plaisancier arrivant dans un nouveau mouillage est tenu d’offrir au chef du village des racines de kava servant à confectionner une boisson légèrement euphorisante. Cette cérémonie permet d’être accepté comme membre du village et de pouvoir librement déambuler, plonger, visiter les environs… Un bouquet de racine coûte entre quatre et huit euros, les mouillages à prendre sur un territoire aussi vaste se comptent en dizaine. Sans même parler du budget, la contrainte sociale que cela représente ne nous parle pas. Ces cérémonies systématiques et codifiées ressemblent à ces spectacles exotiques pour touristes qui nous font fuir. Nous les voyons comme une barrière, un frein à notre soif de découverte. Remède utopique, nous imaginons mouiller exclusivement dans des criques désertes ou en face de grandes cités industrielles !

Dans l’étroit bras de mer de Nakama Creek qui borde la ville, les bouées des marinas occupent tout l’espace disponible. Pas moyen de jeter l’ancre, dommage car le site est sympa et bien protégé avec la ville et ses commodités à portée de bras. Sur une bouée nous nous sentons ni bien ni mal, le compteur tourne, on n’est pas chez soi. Nous repérons le voilier « Morgane » (Falkland) qui attend son équipage, Chris et Paula, rencontré en Patagonie. Trois jours s’écoulent. Nous avitaillons le bateau, achetons un unique jeton de kava, puis, profitant d’un créneau de SE maniable nous quittons ces lieux pour découvrir l’Est de Vanua Levu.

Pas facile d’imaginer une route logique et esthétique au sein de plus de 300 îles. En grignotant un mois sur la saison cyclonique, nous avons deux mois pour les effeuiller. Il faut faire des choix et pour cela nous avons dévoré les documents, pdf, guides de navigation et sites internet accumulés au cours du voyage, tous sont en anglais. Le groupe des Lau du Nord et du Sud dans l’Est de l’archipel, notamment l’île de Vanua Balavu dans celui du Nord et l’île de Fulaga dans celui du Sud, semblent un classique incontournable. Leur notoriété est telle qu’il faut s’acquitter d’une dîme supplémentaire. Pour ces raisons nous nous abstiendrons, tout l’Est des Fidji disparaît de la carte de nos aspirations. Autres spots très courus, le groupe des Yasawa au NW des Fidji et les Mamanuca Islands juste en dessous, un autre pan qui s’efface. La carte se simplifie. Et puis nous tombons sur le guide « Carpé Diem’s Cruising Guide To A Secret Fiji », son auteur aime sortir des sentiers battus, il fournit quelques pistes pour découvrir la côte Nord de Vanua Levu délaissée par la plaisance. Ses descriptions nous donnent envie d’aller y voir par nous même. Et pourquoi ne pas en boucler les 370 milles du tour intégral ?

Tour de Vanua Levu

du 7 au 27/10/2017, 108 heures de navigation réparties sur 21 jours
372 Mn dont 24 Mn au moteur (17 Mn pour la rivière Nasavu)
3 îles, 18 mouillages
93,7% à la voile
vitesse moyenne : 3,45 Nds

1- Nakama Creek (sur bouée), ville de Savusavu, île de Vanua Levu GPS 16 46.69 S 179 19.75 E
2- Cousteau Resort, île de Vanua Levu GPS 16 48.65 S 179 17.32 E
3- Baie de Viani, île de Vanua Levu GPS 16 45.87 S 179 53.49 E
4- Baie de Katherine, village de Buakonikai, île de Rabi GPS 16 31.61 S 179 59.37 W
5- Albert Cove, île de Rabi GPS 16 26.68 S 179 56.22 W
6- Also Island, maison de Jim et Kyoko, baie de Lagi, île de Vanua Levu GPS 16 13.28 S 179 50.14 E
7- Pont de la rivière Nasavu, village de Nayaroyaro, île de Vanua Levu GPS 16 18.17 S 179 41.88 E
8- Embouchure de la rivière Nasavu, île de Vanua Levu GPS 16 14.63 S 179 45.62 E
9- Baie et village de Visoqo, île de Vanua Levu GPS 16 12.67 S 179 40.14 E
10- Baie de Blackjack, Vatudamu Point (Ouest), île de Vanua Levu GPS 16 14.48 S 179 32.02 E
11- Village de Malau proche Labasa, île de Vanua Levu GPS 16 21.71 S 179 21.68 E
12- Village de Ligau, île de Kia GPS 16 14.08 S 179 5.25 E
13- Nukubati Resort (sur bouée), îles de Nukubati GPS 16 27.91 S 179 1.15 E
14- Baie de Naurore, village de Naviqiri, île de Vanua Levu GPS 16 38.94 S 178 36.27 E
15- Quai et village de Nabouwalu, Cocoanut Point, île de Vanua Levu GPS 16 59.62 S 178 41 E
16- Reef Thaningge, baie de Wainunu, île de Vanua Levu GPS 16 55.43 S 178 54.32 E
17- Dogoro Creek, Nayavu Anchorage, île de Vanua Levu GPS 16 48.32 S 179 4.83 E
18- Nakama Creek (à l’ancre, évitage critique et fond encombré, bouée préférable), ville de Savusavu, île de Vanua Levu GPS 16 46.61 S 179 20.32 E
19- Lesiaceva Point, île de Vanua Levu GPS 16 48.88 S 179 16.91 E

8 octobre

Cette journée nous offre une météo propice pour s’échapper de la baie de Savusavu. C’est indispensable car nous devons tirer un long bord de près vers l’Est jusqu’à la baie de Viani. Un premier bord de huit milles nous éloigne des effets côtiers puis nous changeons d’amure. La trace GPS ne ment jamais : 127 degrés d’un bord sur l’autre ! On voit bien ici l’influence des vagues sur notre déplacement léger, dans un lagon en eau plate nous pouvons espérer flirter avec les 100 degrés. Le vent majoré de la brise reste modéré, les vagues aussi, le bateau sous trinquette et deux ris remonte bien et tient ses cinq nœuds de moyenne. Il nous faudra quand même plus de sept heures pour venir à bout de ce bord de trente-sept milles.

Côte SE de Vanua Levu

Côte SE de Vanua Levu

Passe de Dakuniba

Passe de Dakuniba

En franchissant la passe de Dakuniba, nous retrouvons avec joie la protection de la barrière récifale. Nous hésitons un moment entre l’attrayante baie de Nasasobu à peine plus d’un mille devant l’étrave et celle de Viani cinq milles à l’Est qui suppose un délicat louvoyage entre les patates de corail dont est truffé ce secteur du lagon. Nous sommes à moins de dix milles à l’Ouest de la grande île de Taveuni dont la crête orientée NE-SW culmine à plus de mille mètres. Demain le vent revient à l’Est et mollit, nous serons complètement déventés par l’île. La météo a tranché pour nous, on relance le bateau au près serré.

Carina à la navigation scrute notre progression sur fond d’images satellites. Des mouvements d’eau, visibles en surface, influencent notre trajectoire. Le rétrécissement de l’île de Benauiwai est réputé pour le courant d’Est qui le traverse avec force. Nous l’abordons avec circonspection. Le soleil dans le dos, la visibilité sur les fonds est excellente. Nous y rencontrons un courant maniable, doublons l’île sur bâbord et sortons avec elle des difficultés.

Baie de Viani

Baie de Viani

Nous mouillons dans la baie de Viani en face d’un petit village. Cette baie est une base d’accès au Rainbow Reef, un des meilleurs spots de plongée des Fidji. Colonisée, galvaudée par la plaisance et le tourisme sportif, elle n’est plus soumise à sevusevu. Fatigués par cette journée intense – cinquante-quatre milles en près de douze heures de navigation – nous ne débarquons pas et nous sommes soulagés que personne ne vienne nous rappeler à l’ordre d’une quelconque cérémonie !

9 octobre

A la dérive dans pétole, nous nous félicitons pour notre décision de la veille. Taveuni nous coupe du vent météo et la brise est absente. Il nous faudra toute la matinée pour tourner Vatudamu Point, cinq milles en quatre heures à une vitesse moyenne de 1,28 nœud. Nous sommes engagés dans un double voyage aux confins de la patience et à la lisière du ridicule.

11:00, je concède un demi-mille au moteur pour passer un verrou vélique et toucher la brise et le vent qui s’entendent pour contourner Taveuni par son Nord et nous parvenir par le travers. Nous nous extirpons enfin de la zone de dévent. Nous poursuivons vers le Nord le contournement Est de Vanua Levu. Nous négligeons Taveuni et ses populaires îles satellites dans son NE, Matagi et Qamea. Quant’à Laucala c’est une resort sept étoiles vouée au repos des influents et des célèbres. Nous contournons l’île de Kioa sous son vent, petite et ne dépassant guère les deux cents mètres, le moteur vélique ne se désamorce pas. Notre horizon à l’Est se débouche enfin quand nous la débordons par son Nord, l’alizé libre d’obstacle, nous provient alors de l’Est fidèle à la prévision. Protégés des vagues par plusieurs barrières de corail successives mais gênés par un courant contraire, nous gagnons lentement (125 degrés bord sur bord) dans l’Est au louvoyage jusqu’à pouvoir atteindre le Sud de l’île de Rabi. Nous mouillons dans la charmante baie de Katherine ceinturée de mangrove. Après vingt-sept laborieux milles courus en neuf heures trente, nous nous abstenons de visiter le village de Buakonikai.

A l’instar de Kioa, Rabi est une autre île-nation peuplée par des non-fidjiens. Bien que citoyens fidjiens, ils sont originaires de l’île de Banaba dans les Kiribati et possèdent leur propre gouvernement et douanes ! Du temps des colonies, leur île d’origine fut dévastée par l’exploitation du phosphate. Rabi fut acheté par le gouvernement britannique pour les banabans afin de les y reloger.

10 octobre

Sous le vent de Rabi, île haute (463m), le vent se fait hésitant et nous avançons par à-coups pendant quatre milles. Il aurait été préférable de s’en écarter d’avantage. Puis la situation se décante et nous touchons le vent qui l’évite par son Nord. Nous jetons l’ancre au Nord de l’île à Albert Cove, une carte postale du mouillage tropical.

11 octobre

Côte NE de Vanua Levu

Côte NE de Vanua Levu

Cap au NNE sur Udu Point, extrémité NE de l’île de Vanua Levu. Après les six milles de protection bonus offerts par l’avancée de corail qui déborde au Nord de Rabi, nous retrouvons l’agitation du grand large. La mer autour de Udu Point est en effervescence, nous contournons le cap et elle se range. A partir de là, nous retrouvons une route Ouest et avec elle la facilité de progression et le confort qui l’accompagnent. Nous longeons la péninsule de Udu par son flanc Nord jusqu’à Nukusa Passage lequel donne accès aux eaux plates de Dalice Harbour. Sur le versant Nord de Vanua Levu, les nombreux cours d’eau qui s’épanchent dans la mer rendent les eaux turbides, impossible de visualiser les récifs frangeants, même les images satellites deviennent délicates à interpréter.

Nous souhaitons rendre visite à Jim et Kyoko qui vivent sur Also Island à l’entrée de la baie de Lagi. Contactés par radio, Jim et son aide de camp viennent nous guider et nous invitent à suivre leur barque. Nous persévérons sous voiles dans un vent des plus chaotique en force et en direction. Jim anticipe nos déplacements en plaçant son embarcation aux endroits judicieux pour nos virements de bord.

Mouillage à Also Island

Mouillage à Also Island

Nous jetons l’ancre dans moins de trois mètres d’eau, impossible de distinguer le fond.

Avant de s’installer aux Fidji en 2002, ce couple d’américains naviguait à bord du sloop « Also ». Les talents et la bonne volonté de Jim pour réparer les moteurs sont appréciés des locaux qui leurs offrent une île. En 2009, un cyclone couche leur bateau sur le récif.

« Also » échoué sur Also Island

« Also » échoué sur Also Island

Le mât est recyclé comme antenne BLU, il anime un canal météo « Rag of the Air ». Quinze années passent durant lesquelles il essaye d’organiser la pêche en local, invente une machine à sécher la chair de coco, en extrait l’huile, ouvre un petit chantier naval, tient une table et chambres d’hôtes, une épicerie, un point de retrait d’argent, accueille et informe les plaisanciers… L’expérience lui laisse un goût amer, il se voyait comme un guide, un messie du développement local. Nonchalants, sans ambition particulière et attentistes, les fidjiens résistent. Jim voudrait maintenant trouver un repreneur, céder ses investissements qui lui ont permis d’obtenir le droit de résidence et rentrer au pays. Il nous proposera de prendre sa relève mais notre errance nous a déjà appris qu’il ne faut jamais accepter une île en cadeau !

Durant notre court séjour à Also Island, nous tenterons sans succès de rallier le village de Nukusa situé à proximité de la passe. Nous redécouvrons le chemin oublié jusqu’à Lokaloka où la sente s’arrête brutalement. Les locaux se déplaçant au moteur essentiellement par voies de mer, les chemins ne sont plus usités et disparaissent mangés par la végétation.

Au village de Cawaro nous retrouvons Tokasa, cuisinière de Jim et sœur du chef. Elle nous invite à la collation d’après-travail qui se tient dans sa maison. Cette dernière est d’une simplicité biblique : pas de meuble, pas de table, pas de chaises. Au mur, une photo du fils en habits militaires, casque bleu au Liban. La traditionnelle paillasse en nattes de pandanus recouvre le sol et chacun prend sa place dans une disposition immuable. Le chef au centre de la pièce, puis les hôtes de passage (nous) dans l’angle de l’entrée, ensuite la famille au coude-à-coude jusqu’au sas de la cuisine depuis lequel les femmes alimentent l’assemblée de thé accompagné de crackers recouverts d’un amalgame de beurre et de confiture. La cuisine est au feu de bois dans une pièce ajourée que des rayons de lumière percent avec acuité faisant danser la fumée de l’âtre. Assise en tailleur, une femme donne le sein. Nous ne comprenons rien au dialecte usité mais la discussion est ponctuée de rires, une allégresse communicative et palpable émane du groupe. Nous retrouverons ailleurs cette jovialité typiquement fidjienne.

Un temps Jim envoyait ses hôtes faire sevusevu à Cawaro. Un jour la limite ténue entre le rite coutumier et le spectacle exotique est consommée : le chef du village rétorque à Jim qu’il peut aussi bien faire son propre sevusevu puisqu’il est chef d’Also Island !

14 octobre

Vue du ciel, l’imagerie satellite nous dévoile les charmes cachés de la rivière Nasavu. Aucune information n’est disponible à son sujet mais elle semble navigable. Comparable à une série d’écluses de corail, nous quittons Dalice Harbour pour pénétrer dans Bekana Harbour, sortons par Nukudamu Passage, longeons brièvement le récif côté Océan puis rentrons par Tilagica Passage pour pénétrer dans Tilagica Harbour. Un large détour d’une douzaine de milles. La jonction directe, Bekana – Tilagica, reste à tenter, elle est peut être envisageable à pleine mer. Nous repérons le mouillage de Tilagica Island avant de nous diriger résolument vers la rivière Nasavu.

Contrairement aux rivières navigables Wainikoro, Labasa ou Dreketi qui ondulent dans la plaine, celle-ci a creusé son sillon dans les collines et ne dessert aucune ville. Evénement remarquable sur L’Envol, le moteur est lancé durablement. Un long seuil la défend, nous sommes aux alentours de la mi-marée montante, moins d’un mètre défile sous nos quilles. Nous sommes soulagés d’atteindre sa large embouchure efflanquée de mangrove et des fonds plus acceptables (5m). Notre légère euphorie due au dépaysement et au sentiment d’être (peut être) le premier voilier à l’explorer est tempérée par le peu de temps qu’il nous reste avant que le courant ne s’inverse. On espère pouvoir la remonter sur seize kilomètres jusqu’à son pont, obstacle majeur que notre mât ne saurait franchir.

Embouchure de la rivière Nasavu

Embouchure de la rivière Nasavu

Prudemment mais sans traîner la reconnaissance des lieux est entamée. Nous croisons quelques rares maisons implantées sur les berges, des barques y sont rattachées. Bien que nos tirants d’eau ne soient pas comparables, elles nous rassurent un peu sur la navigabilité du cours d’eau. D’abord assez large (100m) et rectiligne, le lit de la rivière adopte un court moment un trajet sinueux imposé par deux collines puis son sillon se tend à nouveau tout en s’amenuisant autour des cinquante mètres de large. Dans un coude, nous traversons un pittoresque village doté d’un arbre remarquable. Puis nous laissons une école sur bâbord avec un rétrécissement enroché passé au ralenti. Jusque là, pas de difficulté particulière, la rivière a creusé un canyon profond (10m) dans les zones les plus encaissées et dans les parties plates ou elle s’est avachie le sondeur affiche encore deux à trois mètres.

C’est surtout la crainte d’emplafonner un arbre planté au fond qui me taraude. On en repère quelques uns. Drossés par le courant, ils sont inclinés vers l’aval et s’opposent à notre élan. Après l’étroiture de l’école, la rivière s’élargie et les fonds remontent. L’alarme des un mètre sonne continuellement, je la désactive et réduis les gaz. Une mesure de sonde nulle s’affiche, L’Envol effleure brièvement le fond. Quand nous descendrons la rivière, il faudra impérativement passer ces lieux à marée haute. Le lit se resserre à nouveau et notre marge augmente. Je relance le moteur, la navigation se poursuit le long d’une plantation de bambous sur tribord.

Le pont de la rivière Nasavu

Le pont de la rivière Nasavu

Au détour d’un méandre, le pont apparaît soudainement devant l’étrave. Victoire ! Mais le temps et l’eau filent sous nos quilles. Il faut encore chercher un emplacement pour la nuit pas trop sujet au courant mais quand même assez profond. Un compromis satisfaisant est trouvé trois cents mètres en aval du pont. L’ancre a du mal à crocher sur le fond de cailloux. On rapproche le bateau de la rive gauche avec une corde sur un arbre de la berge comme en Patagonie afin de le stabiliser dans les courants de marée.

Mouillage dans la rivière Nasavu

Mouillage dans la rivière Nasavu

En effet, il n’y a pas la place pour éviter et je ne veux pas entendre la chaîne se redéployer à chaque renverse. Le courant orographique se conjugue à celui de la marée descendante, ils appuient sur la coque maintenue sous contrainte en travers du flux. Je crains que l’ancre ne dérape drossant le bateau contre la berge. Une seconde corde de l’étrave à la rive droite serait idéale mais nous ne pouvons pas obturer le passage. Nous verrons quelques barques passer et accoster au niveau du pont, la route et le bus prenant ensuite le relais.

J’imagine un moment éviter l’échouage mais il manque une bonne trentaine de centimètres. L’Envol se pose délicatement sur le font plat de la rivière. L’ambiance est surprenante : l’immobilité du bateau, le chant des oiseaux, le bruissement des bambous et les feuilles sur le pont, donnent l’impression unique d’être en trek sous la tente !

15 octobre

En allant à Vitina

En allant à Vitina

A marée basse nous avons pieds, pratique pour débarquer. Nous prenons de la hauteur sur le pont, notre terminus de la veille. Trois kilomètres en amont, au village de Vitina, le cours d’eau n’est plus navigable. On ne s’attarde pas car la marée n’attend pas. La rivière est descendue en sens inverse à pleine mer, progressivement le jusant s’accentuant, le bateau accélère. Nous dévalons « le rapide », coupant les méandres.

Plusieurs barques croisent notre route, les bras s’agitent, c’est l’affluence le dimanche ! Nous passons la nuit non loin de l’embouchure dans quatre mètres, rive droite, selon la même technique de mouillage. Le courant nous frappe plus fort par le travers mais le fond de vase garantit une accroche indéfectible. Il y a bien de la place pour éviter mais je crains d’engager la chaîne dans une branche pendant la renverse.

16 octobre

La pleine mer occure de nuit aux alentours de 3:00. Nous levons le camp au petit jour mais c’est déjà la mi-marée descendante et nous passons le seuil de la rivière ric-rac. Poursuivre le long de la côte Nord de Vanua Lavu par la route intérieure, protégé par le Great Sea Reef se mérite, un massif corallien encombre le chenal. Le contournement par son Nord puis son Ouest est balisé mais nous allons tenter le raccourci par son Sud, les images satellites sont encourageantes.

Un grain nous rattrape pendant la première partie du passage, le vent monte et L’Envol accélère. C’est presque la basse mer, nous devons absolument ralentir au cas où l’on toucherait. La GV est affalée et le génois réduit à la taille d’un tourmentin arrisé. La vitesse est ainsi maîtrisée sous les deux nœuds. Ce mille délicat derrière nous, suivre l’étroit chenal avec ce qui reste de son balisage est un plaisir. Le ciel se dégage et les conditions de vent deviennent optimales.

Chaleureux accueil à Visoqo

Chaleureux accueil à Visoqo

Après une brève escale devant le village de Visoqo pour un petit avitaillement, nous poursuivons Ouest dans un chenal élargit jusqu’au mouillage de la baie de Blackjack derrière Vatudamu Point. Nous y passons deux nuits tranquilles.

18 octobre

Après une navigation perturbée par un vaste nuage, une moitié se déroulant au portant, l’autre au près, nous mouillons devant le village de Malau.

Chargement de la canne à sucre à Malau

Chargement de la canne à sucre à Malau

Ce dernier présente l’intérêt d’être à quarante-cinq minutes de bus de Labasa, une ville plus grande que Savusavu. C’est l’occasion d’un avitaillement plus complet et d’une connexion à internet.

L’influence indienne y est si prégnante que l’on ne sait plus s’il faut saluer en disant « bula » ou « namaste » ! A la fin du dix-neuvième siècle, les natifs satisfaits de leur vie simple, ont refusé de travailler dans les plantations britanniques de canne à sucre, coton et copra. Le gouvernement colonial a fait venir la main d’œuvre bon marché indienne qui s’est installée. Aujourd’hui leurs descendants sont indo-fidjiens. Les deux groupes ne s’entendent pas, il n’y a pas de mariage mixte. Les cultures sont peut être trop différentes pour construire un pont. Les indo-fidjiens semblent mener l’économie du pays et paraissent plus riches que leurs hôtes. Les natifs se protègent avec des lois d’accès à la terre discriminatrices et essayent de les garder à l’écart de la politique. Les villages de la rivière Nasavu ressemblaient aux Fidji alors que Labasa c’est l’Inde !

21 octobre

Logée dans une protubérance du Great Sea Reef, nous rejoignons l’île isolée de Kia, douze nautiques au Nord de Vanua Levu. Après un tour de repérage sous voiles le long du récit frangeant la plage, nous jetons l’ancre dans une bande de sable orientée dans le lit du vent juste en face du village de Ligau au SW de l’île.

Côte Nord de Vanua Levu

Côte Nord de Vanua Levu

22 octobre

Cette escale sera l’occasion de faire l’unique sevusevu de notre séjour aux Fidji. Si l’on soustrait les mouillages déserts, ceux où l’on ne débarque ni ne s’attarde, les grandes villes et les mouillages touristiques acquis à la culture occidentale, les endroits où la cérémonie est requise se réduisent comme peau de chagrin. Nos amis finlandais qui avaient achetés dix bouquets de kava s’en sont finalement servis pour payer un taxi à la fin de leur séjour !

Le sevusevu a lieu dans la maison du chef du village, sa femme, leurs progénitures et d’autres enfants du village sont présents. Nous sommes assis sur la traditionnelle paillasse faite de feuilles de pandanus séchées. L’homme prend le kava, le dépose devant lui et récite un texte en fidjien ponctué de claquements de mains. Le jeune auditoire écoute respectueusement. La cérémonie terminée nous sommes libre de gravir le sommet de l’île, notre objectif caché. La barrière linguistique et culturelle ne nous a pas permis d’être partie prenante de la cérémonie, nous étions les témoins-spectateurs d’un folklore local.

L’homme se propose de nous guider le lendemain, aujourd’hui c’est dimanche et l’office religieux l’attend. Nous déclinons son offre car nous préférons aiguiser notre sens pratique et notre instinct. Une fois les infos de départ du sentier connues, nous partons à l’aventure. L’avant poste au Sud de la crête sommitale est rapidement atteint par le raidillon de sa face Ouest. Un canon anachronique et des vestiges de fortification gardent ces lieux intemporels.

Nous remontons la crête où le chemin se perd. La végétation faite d’herbes hautes séchées est maniable et nous autorise à rejoindre le point culminant de l’île à 245 mètres d’altitude. Un cairn construit il y a plus de cent ans commémore la fin des guerres fidjiennes et du cannibalisme. Sous le sommet, un arbre sert de maison-étendage à une colonie de chauve-souris. Nous entamons la descente hors-sentier dans un goulet encaissé. Nous tombons par hasard sur une grotte et un ancien captage d’eau qui alimentait le village de Daku en contrebas. Nous suivons le tuyau en métal, puis les portions en plastique déconnectées, puis les parties fondues par un ancien feu, enfin nous touchons le village.

Nous discutons brièvement avec une femme et sa fille, cette dernière nous raccompagne gentiment par le sentier de la côte Ouest longeant le bord de mer jusqu’à Ligau. Un petit col donne accès au village de Yaro sur la côte SE de l’île. A l’Est du village des puits ont été creusés au fond desquels subsiste un peu d’eau saumâtre. C’est la basse mer et le moment approprié pour parcourir le pourtour de l’île fait de plages de sable et de galets. En cours de chemin, nous découvrons de vieux maraes oubliés sous les manguiers.

23 octobre

Tchao reculée Kia ! Nous tirons un bord de près entre les imposants patches de corail qui protègent la côte Nord de Vanua Levu et retrouvons le large chenal avec son vieux balisage. Un cours stop sur une bouée à Nukubati Resort pour un point météo-mails et nous poursuivons vers la baie de Naurore. Nous l’atteignons et mouillons dans l’ébène d’une nuit sans lune après quarante-cinq milles et onze heures de navigation. Aubaine météo, une bascule de vent puis un calme passent sur les Fidji, nous devons accélérer pour être synchronisé avec les éléments naturels et gérer au mieux les vents atones de la côte Ouest et la brise forcenée des Bligh Water.

24 octobre

5:30, nous sommes déjà en route dans l’aube naissante. C’est une journée délicate qui débute car dans le contournement Ouest de Vanua Levu, nous allons successivement perdre les vents portants, affronter les calmes, renouer avec le près et le louvoyage. Nous ne sommes sûrs que de leur ordre d’apparition : le moment où les vents maniables vont nous lâcher et l’ampleur de la zone de dévent nous sont inconnus. Bonne nouvelle, le ciel dégagé nous promet une belle journée thermique : quand le vent météo fera défaut, on peut espérer que la brise prenne le relais. La bascule au NE opérée la veille devrait tenir jusqu’à la mi-journée facilitant le contournement de l’angle NW de Vanua Levu et la descente de la côte Ouest dans son flux évanescent. Nous avons vingt-quatre heures de retard, ce flux de NE était plus marqué la veille. C’est pourquoi nous attaquons cette journée au plus tôt afin d’en toucher les derniers bénéfices.

Côte Ouest de Vanua Levu

Côte Ouest de Vanua Levu

L’excroissance géologique de l’angle NW de l’île, squattée par Uluinasiva (502m), offre au regard une curiosité intéressante : un profil de tête de singe apparaît quand on regarde la Monkey Face depuis l’Ouest. Nous la tournons d’aussi loin que la barrière de corail nous l’autorise en espérant ne pas rentrer dans la zone de dévent du sommet. Avant de pouvoir mettre de l’Ouest dans notre Sud, nous devons doubler le Wilson Patch, une marque de passage imposée. A sa proximité, notre vitesse chute brièvement aux alentours des trois nœuds.

Nous sommes maintenant dans l’alignement de la baie de Naurore sur la côte Nord et de la baie de Rukuruku sur la côte Ouest, un isthme bas (50m) d’à peine 1’500 mètres de large les sépare. Aucun obstacle pour gêner la progression du vent, canalisé entre Uluinasiva (502m) au NW de alignement et Korolevu (253m) au SE. L’Envol accélère et progresse à bonne allure sur cet axe les voiles en ciseaux pendant près de huit milles. Alors que nous tournons Seseleka (421m) à près de trois kilomètres de la côte, le vent nous quitte. Nous sommes dans la zone de transition et nous allons batailler avec un souffle atone et espiègle durant trente minutes pour passer le mille critique que le flux de NE n’atteint plus.

10:30, la brise s’est-elle levée ? Le vent météo s’est-il rangé à l’Est comme prévu ? Les Bligh Water le canalisent-elles ? Quoi qu’il en soit nous touchons un vent établi en provenance de la pointe Sud de Vanua Levu, c’est la fin des allures portantes. Le bateau s’installe sur son bouchain pour un bord de près serré jusqu’à la baie de Bua. Le louvoyage qui suit est plus chaotique. Des grains sans force, soumis au régime de vent des crêtes qui nous dominent de cinq cents mètres, croisent notre trajectoire et désamorcent régulièrement la pompe thermique, taisant la brise qui elle, longe la côte à notre rencontre. Une dizaine de milles sans fin qui, de bords en bords, en deviendront seize jusqu’à toucher le quai de Nabouwalu devant lequel nous mouillons. Quarante milles ont été parcourus en plus de douze heures de navigation à la vitesse moyenne de 3,2 nœuds. On saura s’en contenter, quand on pense que les Bligh Water sont ordinairement balayées par trente nœuds de brise !

Ferry pour Viti Levu

Ferry pour Viti Levu

Un continuel trafic de ferries anime le quai de Nabouwalu car c’est d’ici qu’on embarque pour Viti Levu. Au plus près de cette dernière, son emplacement est stratégique. Par contre, il faut trois heures de bus depuis Savusavu pour rejoindre Labasa puis encore six heures pour atteindre ce quai isolé !

25 octobre

Il nous manque encore une cinquantaine de milles à gagner dans l’Est jusqu’à Savusavu pour boucler le tour de Vanua Levu. Le début de navigation nous offre un près agréable sous génois et GV durant lequel nous doublons la pointe Sud de l’île puis le vent se tarit et nous déroulons le spi.

Au près sous spi !

Au près sous spi !

Les conditions très légères permettent de le tenir tant bien que mal à 70 degrés du vent mais nous progressons « en crabe » : le manque de vitesse augmente la dérive et pour compenser la perte en cap la barre pompe en permanence sous le vent. Puis le vent d’Est insaisissable, un plafond bas et une brise anémiée figent le décor. Seul un arc-en-ciel serti de notre spi rouge détonne encore dans la grisaille. A la recherche perpétuelle d’un nouvel équilibre, les forces ténues en présence exhalent des souffles éphémères et fugaces difficiles à exploiter. C’est dans ces conditions précaires que nous nous engageons dans la traversée de la baie de Wainunu large de dix milles. Nous y croisons « Albatros » – premier voilier rencontré depuis quinze jours – qui se rend au groupe des Yasawa.

Côte Sud de Vanua Levu

Côte Sud de Vanua Levu

16:45, à mi-baie il devient évident que sans l’aide du moteur nous nous apprêtons à dériver toute la nuit. Il nous reste une heure et demie pour trouver un abri. La plus proche remontée de fond, le reef Thaningge, est à deux milles à notre NNE. Une passe étroite (20m) et peu profonde (4m) donne accès à son lagon. Nous le sondons jusqu’à son angle SW. Son fond plat à dix-neuf mètres le rend inaccessible en apnée, impossible d’intervenir en cas d’engagement du mouillage dans le corail. Nous rebroussons chemin et jetons l’ancre dans la passe. Je plonge pour rectifier la position de l’ancre car la surface disponible entre les tombants est réduite à quelques mètres carrés. J’en profite pour cravater une tête de corail avec un bout en appoint de la courte longueur de chaîne déployée.

La nuit tombe sur notre iconoclaste situation. La ceinture de corail noyée de ce petit atoll donne l’impression peu sécurisante de mouiller en pleine mer. Mais si nous sommes là pour la nuit c’est bien que tout est calme, et rien ne pourra rider les eaux lénifiées de la baie ni troubler notre profond sommeil. Vingt milles ont été parcourus (dont quatre au moteur) à la vitesse moyenne de 2,5 nœuds !

26 octobre

Façonnée par les temps immémoriaux, Vanua Levu dispose sur la majeure partie de son pourtour d’un trottoir corallien. Sur les 370 milles courus sur son périmètre, à peine 80 milles seront réalisés en mer ouverte dont 65 exposés à la houle et aux vents dominants de SE. Si l’on y agrège les 60 milles exposés à un fetch conséquent, on obtient un total de 125 milles dénués de protection soit un gros tiers du parcours.

En franchissant Nasonisoni Passage, nous retrouvons la Mer de Koro pendant deux milles avant de replonger derrière la protection de la barrière récifale. Nous pourrions couper au plus court et rejoindre directement Point Passage en dix-sept milles de mer ouverte mais l’absence de vent établi et la primauté de la brise nous cantonnent à la côte qui concentre les échanges thermiques et les mouillages salvateurs.

Après un début étonnant au portant les voiles en ciseaux, un travers mou et hésitant prend le relais. Contrés par le courant dans un rétrécissement, le spi dégonflé par une refusante, le bateau en perte de vitesse cule vers un plateau de corail cent mètres sous notre vent, un court appui moteur nous sort de ce mauvais pas. Enfin la périphérie d’un grain actif nous fait décoller au près, prise puis renvoi de ris pour le final au louvoyage dans l’étroiture et les patates de corail défendant l’accès à Nayavu Anchorage. Nous mouillons à proximité de Dogoro Creek. Dix-neuf milles ont été parcourus à la vitesse moyenne de 2,9 nœuds !

Dogoro Creek en annexe

Une virée en annexe nous ouvre les portes d’un monde insoupçonné : un cours d’eau paisible serpente au cœur d’une forêt enchanteresse.

27 octobre

Escortés par des dauphins joueurs, la journée se résume par un long bord de portant les voiles en ciseaux sur une mer que la caresse d’un soupir a transformée en lac.

Nous retrouvons enfin Savusavu. Victoire ! Quinze milles ont été parcourus en plus de huit heures de navigation à la vitesse moyenne de 1,8 nœud ! Cette fois nous poursuivons plus loin dans Nakama Creek afin de tenter de mouiller. Nous jetons l’ancre entre deux balises de chenal dans douze mètres, l’évitage est critique mais tant que la plus proche bouée reste inoccupée c’est acceptable. Dommage, on entend la chaîne qui racle le corail avec les courants de marée.

A suivre…








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La trace GPS du bateau et nos waypoints d’escales dans les îles Fidji sont visibles et téléchargeables gratuitement à partir de cette carte du voyage interactive. Sur un fond d’images satellites, vous pouvez zoomer, vous déplacer et cliquer sur les traces et les escales de L’Envol pour obtenir plus d’information.

Publié le 27/12/2017 de la bibliothèque de Kerikeri, Bay of Islands, île du Nord, Nouvelle-Zélande, GPS 35 13.67 S 173 57.07 E

Envie de nous donner un coup de main ? Visites la page de financement participatif de L’Envol : www.intothewind.fr/crowd-funding/

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