Course à l’antifouling

Le dédale fidjien relate notre tour de Vanua Levu.

Iles Fidji
du 4/10 au 21/11/2017, 7 semaines de navigation
671 Mn dont 32 Mn au moteur (17 Mn pour la rivière Nasavu)
6 îles, 28 mouillages
95,3% à la voile

Navigations et escales techniques à Viti Levu

du 1er au 21/11/2017, 75 heures de navigation réparties sur 21 jours
299 Mn dont 8 Mn au moteur
3 îles, 10 mouillages
97,4% à la voile
vitesse moyenne : 4 Nds

Groupe des Lomaiviti

Groupe des Lomaiviti

1- Nakama Creek (sur bouée), ville de Savusavu, île de Vanua Levu GPS 16 46.69 S 179 19.75 E
2- Cousteau Resort, île de Vanua Levu GPS 16 48.65 S 179 17.32 E
15- Quai et village de Nabouwalu, Cocoanut Point, île de Vanua Levu GPS 16 59.62 S 178 41 E
16- Reef Thaningge, baie de Wainunu, île de Vanua Levu GPS 16 55.43 S 178 54.32 E
17- Dogoro Creek, Nayavu Anchorage, île de Vanua Levu GPS 16 48.32 S 179 4.83 E
18- Nakama Creek (à l’ancre, évitage critique et fond encombré, bouée préférable), ville de Savusavu, île de Vanua Levu GPS 16 46.61 S 179 20.32 E
19- Lesiaceva Point, île de Vanua Levu GPS 16 48.88 S 179 16.91 E
20- Baie de Dere (sur bouée), Tulani Harbour, île de Koro, groupe des Lomaiviti GPS 17 16.46 S 179 21.59 E
21- Baie de Herald, île de Gau, groupe des Lomaiviti GPS 17 59.59 S 179 14.53 E
22- Baie de Nubulekaleka, mouillage du Novotel (ex-Tradewinds Hotel), ville de Lami proche Suva, île de Viti Levu GPS 18 6.56 S 178 23.75 E
23- Cuvu Harbour, île de Viti Levu GPS 18 8.15 S 177 25.06 E
24- Baie de Momi, île de Viti Levu GPS 17 55.04 S 177 16.11 E
25- Vuda Point Marina, île de Viti Levu GPS 17 40.85 S 177 23.18 E
26- Baie de Saweni, île de Viti Levu GPS 17 38.72 S 177 23.56 E
27- Ville de Lautoka, île de Viti Levu GPS 17 36.12 S 177 26.45 E
28- Idem mouillage 24

Notre épisode de plaisance aux Fidji est bien terminé, celui de la course à l’équipement débute. Première étape, nous espérons trouver notre peinture antifouling et deux batteries à Suva, la capitale, une centaine de milles à notre Sud sur l’île de Viti Levu. Deuxième étape, nous souhaitons sortir le bateau de l’eau grâce au travel lift de Vuda Point Marina, une centaine de milles supplémentaire à parcourir autour de cette île.

Depuis Savusavu, le passage le plus usité pour rejoindre l’île de Viti Levu emprunte le Vatu-I-Ra Channel et les Bligh Water qui mènent à sa côte Nord. C’est une navigation au portant mais le flux accéléré entre les deux îles le rend sportif et inconfortable. A partir de là un chenal sinue dans le corail permettant une navigation en eaux calmes jusqu’à Lautoka puis Vuda Point sur la côte Ouest. Dans notre cas, passant par Suva au SE de l’île de Viti Levu, nous devons nous frotter à la caractérielle Mer de Koro – la houle du grand Sud s’accommodant mal des subites remontées de fonds qui encombrent son souverain passage – puis composer avec la brise pugnace de la côte Sud de l’île.

Première étape jusqu’à Suva

Les calmes qui nous ont permis de boucler notre tour de Vanua Levu se terminent. L’alizé reprend de la vigueur. La prévision météo devient engageante mais il faut faire vite. Le vent établit à l’ESE va forcir les prochains jours, d’autre part il est plus fort au Sud de l’archipel. La houle par contre est faible (0,4m) mais va enfler progressivement jusqu’à 1,2 mètre. Le temps tourne rapidement à la pluie et aux grains.

Nous souhaitons faire de longues navigations entrecoupées d’un minimum d’escales. Les îles de Koro et Gau sont une option logique. Nous quittons Savusavu pour la seconde fois. En remontant l’ancre, je remonte aussi un grappin, ancre artisanale locale qui me griffe le gelcoat de l’étrave. Ce n’est décidemment pas rentable de s’affranchir des bouées à Nakama Creek !

1er jour, 2 novembre

36 milles jusqu’à la baie de Dere sur l’île de Koro. Nous gagnons un peu au vent durant cette journée au près maniable mais plus pointu que prévu. Final poussif au louvoyage sous le vent de l’île déventée par la rue de nuages dont elle est à l’origine. Vitesse moyenne d’à peine 2,4 nœuds sur les 11 derniers milles (dont 1,5 effectué au moteur).

2e jour, 3 novembre

45 milles jusqu’à la baie de Herald sur l’île de Gau. Une navigation débridée avec un début au pas et un finish au sprint sous un grain dans l’approche du mouillage. Vitesse moyenne de 5,4 nœuds (après les 9 premiers milles soumis au dévent de l’île).

3e jour, 4 novembre

54 milles jusqu’à la baie de Nubulekaleka à proximité de Suva sur l’île de Viti Levu. Principalement du portant les voiles en ciseaux dans une mer formée. Des grains nous rattrapent et nous rincent ! Vitesse moyenne de 5,2 nœuds sur les 32 milles courus en Mer de Koro (après les 8 premiers milles soumis au dévent de l’île).

Trois jours de voile et trois îles formant un arc de cercle naturel accompagnant le film des tribulations météo. Conséquence, au lieu de la centaine de milles de la route Sud directe, c’est près de 140 milles que nous couvrirons !

Ville de Suva, capitale des Fidji

Ville de Suva, capitale des Fidji

Après l’agitation de la Mer de Koro, les eaux encore tumultueuses mais déjà turbides de Rewa Roads, nous retrouvons des eaux plates dans le franchissement de la passe Daveta Nukulau. L’étroit chenal du contournement Sud de Suva est avalé au vent arrière les voiles en ciseaux dans un parcours jubilatoire. Nous traversons Suva Harbour puis la baie de Draunibota encombrés de quelques navires échoués soumis à l’épreuve d’une corrosion rédemptrice et de bâtiments vétustes parqués à couple qui semblent s’épauler les uns les autres pour se maintenir à flot.

Nous arrivons trempés à notre mouillage. Il pleut sans discontinuer toute la journée du lendemain. Suva est accolée à la montagne, au vent de l’alizé, l’air refroidit par sa remontée forcée en altitude sature et décharge continuellement son trop plein d’humidité sur la ville. C’est un fait notoire, Suva concentre les précipitions. Etrangement cette ambiance grise et cotonneuse à l’horizon bouchée a un certain charme, du moins pour la personne de passage, mais qu’une capitale ait pu se développer ici dans ces conditions nous semble proprement ahurissant !

Il nous faudra deux journées complètes pour trouver le matériel avec une vigilance et une rigueur de tous les instants pour ne pas se faire arnaquer : peinture périmée de trois ans, batteries locales à la technologie approximative… C’est la communauté indienne qui tient les affaires aux Fidji et tous les coups semblent permis !

Deuxième étape jusqu’à Vuda Point Marina

Entre la pluie et la course au matériel, nous avons vingt-quatre heures de retard sur le créneau météo. Il ne nous reste plus que deux jours de vent d’Est avant une bascule de vent au Nord.

Une fois sortis de Suva Harbour par Daveta Levu Passage, nous sommes en mer ouverte dans l’Ouest de la Mer de Koro jusqu’à Navula passage qui marque la fin de la côte Sud et le début de la côte Ouest de Viti Levu. Cette dernière dispose de nouveau d’une barrière récifale.

4e jour, 8 novembre

71 milles jusqu’à Cuvu Harbour. Une grosse journée de portant les voiles en ciseaux. Nous empannons à mi-parcours après Beqa Passage collant à la côte Sud légèrement convexe de l’île. Début d’après-midi, la brise devient forte (35 Nds) et les vagues très abruptes, le bateau a tendance à enfourner et à partir au lof, nous réduisons. Plus de 8 milles sont engrangés à la vitesse moyenne de 6,2 nœuds. Nous décidons de poursuivre de nuit jusqu’à la vaste baie de Momi car la passe de Navula est large et le mouillage facile à prendre. Peu après la nuit tombée, le vent nous quitte brutalement, laissant L’Envol désemparé dans 6 nœuds et une mer du vent toujours présente. De plus un courant très perceptible s’oppose à notre route et nous culons à la dérive. Incroyable de penser que notre vent était constitué à plus de 80% de brise ! Nous venons de passer Cuvu Harbour tandis que Natadola Harbour est juste devant l’étrave. Je préfère néanmoins suivre le courant et rebrousser chemin. Le moteur est lancé pour 4,5 milles inconfortables et rouleurs jusqu’au mouillage. Une longue navigation de plus de 15 heures à la vitesse moyenne de 4,6 nœuds.

5e jour, 9 novembre

24 milles jusqu’à la baie de Momi. Nous étions optimistes pensant rejoindre Vuda Point Marina dans la journée mais le vent d’Est nous est maintenant masqué et la brise est amoindrie par des passages nuageux. Heureusement la mer plate permet d’exploiter ces vents faibles. Navula passage est particulièrement laborieux ainsi que la dernière ligne droite jusqu’au mouillage atteint à la nuit tombante. Vitesse moyenne d’à peine 1,9 nœud sur les 9 derniers milles !

6e jour, 10 novembre

Vuda Point Marina et son chenal d’accès

Vuda Point Marina et son chenal d’accès

28 milles jusqu’à Vuda Point Marina. Dommage il ne nous restait plus que 17 milles à faire mais comme prévu le vent a basculé au Nord dans la nuit et nous devons louvoyer toute la journée. Sous trinquette, il nous faut 21-22 nœuds apparents pour rentrer dans « la plume de la vague », toute la journée le vent jouera avec le trou de notre jeu de voiles alternant entre 17 et 22 nœuds, plus rarement 24 nœuds. Notre vitesse moyenne s’en ressent, 3,7 nœuds. A Vuda Point Marina L’Envol prend la bouée au centre de l’enclos à bateaux en forme de cercle. Demain, il sort de l’eau !

Fosse à cyclone

Fosse à cyclone

Vuda Point Marina est conçue pour résister à un cyclone, les bateaux en éventail sont reliés à un corps mort central à toute épreuve, son long chenal d’accès la coupe de la houle et il peut être obturé. Les voiliers qui passent la saison cyclonique sur le terre-plein ont leur quille dans une fosse, méthode qui diminue le fardage et augmente la stabilité. Dommage que les nombreux pneus qui servent à caller les coques stockent aussi l’eau de pluie car les moustiques y prolifèrent, chaque semaine la marina fumige les fosses !

L'Envol à sec

Nous passons sept jours sur le terre-plein. Le bateau posé sur ses quilles et sa béquille arrière est bien stable sur ces trois pattes. Pas besoin d’étaies pour tenir sa coque qui reste entièrement accessible au nettoyage et au travail de peinture. D’autre part, quand le bateau est passé au stand de nettoyage sous pression, cela a permis au technicien de la marina de déplacer les sangles du travel lift et de passer le karcher derrière. Nous avons ainsi récupéré une coque déjà expurgée de la majeure partie du vieux antifouling, des algues et des coquillages. Il nous faudra quand même quatre jours de nettoyage pour retrouver le primaire bleu. Puis trois couches d’antifouling rouge sont appliquées dans une des rares journées ensoleillées. Le lendemain L’Envol retrouve son univers aquatique. Les nouvelles batteries ont été installées et la vidange du hors-bord central effectuée.

Done!

Ce renouvellement de la peinture antifouling était devenu nécessaire, la dernière datait de Buenos Aires en novembre 2014. Vos dons nous ont permis de nous concentrer sur le travail à faire et le résultat nous satisfaits pleinement.

Merci à vous tous pour votre soutien : Mam’, Patrick L, Jérôme S, Luca, Jérôme L, Alex, Vonvon, Etienne, Jojo et Cécile, Chris, Renat, Philippe C, Patrick G, Auré, Tchouky, Phil et Nad, Pierre, Philippe B, Stéphane.

A Vuda Point Marina, nous retrouvons Chris et Paula sur leur voilier « Morgane ». Ils attendent un créneau météo propice pour traverser sur la Nouvelle-Zélande. Justement une fenêtre se dessine et nous décidons de la saisir de conserve. Initialement nous pensions poursuivre vers la Nouvelle-Calédonie mais le « caillou » se trouve en zone cyclonique alors que c’est l’été en Nouvelle-Zélande, la bonne saison pour naviguer. Nous retournons encore une fois notre ciré !

Nous quittons le giron protecteur de la marina pour la baie de Saweni avant de rejoindre Lautoka. Nous y faisons les formalités de sortie et un dernier avitaillement puis nous allons chercher la baie de Momi atteinte en début de nuit. Comme à l’aller, nous sommes au louvoyage puis au près pour cette navigation !

A peine quatre jours après la remise à l’eau de L’Envol, départ le 21 novembre 2017 à 7:42 AM locale (UTC+13) pour Opua en Nouvelle-Zélande, un port d’entrée de l’île du Nord, 1’050 milles à notre Sud.








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La trace GPS du bateau et nos waypoints d’escales dans les îles Fidji sont visibles et téléchargeables gratuitement à partir de cette carte du voyage interactive. Sur un fond d’images satellites, vous pouvez zoomer, vous déplacer et cliquer sur les traces et les escales de L’Envol pour obtenir plus d’information.

Publié le 29/12/2017 de la bibliothèque de Kerikeri, Bay of Islands, île du Nord, Nouvelle-Zélande, GPS 35 13.67 S 173 57.07 E

Envie de nous donner un coup de main ? Visites la page de financement participatif de L’Envol : www.intothewind.fr/crowd-funding/

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