Las Palmas (Gran Canaria)

Un texte bien didactique de Charly (merci à toi ;-) ) :

Navigation Madère – Les Canaries

Le trek à peine terminé, nous n’aurons que peu de répit. A l’origine nous devions avoir une journée « off » le lendemain de notre retour, mais les fichiers GRIB (prévisions des vents) annoncent une bascule rapide des vents au Sud-Est ce qui nous immobiliseraient une semaine sur l’île de Madère.

La nature nous oblige à modifier nos plans, et c’est donc le lendemain que nous partirons, aux premières lueurs du jour.

A l’aube, tout le monde est déjà prêt sur le pont. Henri reste à quai, l’aventure s’arrête ici pour lui. Avec des français rencontrés les jours précédents, ils nous aideront à guider le bateau pendant la délicate phase de largage des amarres.

Aidé du moteur hors-bord, le port s’éloigne rapidement. A la barre, je place le bateau «bout au vent » (face au vent) pour que Rod et Christophe puissent hisser la Grand-Voile. Et nous voilà parti pour 300 miles et 3 jours de navigation en direction des Canaries !

Cap au 150°, nous prenons rapidement une allure de 7 nœuds en avançant au portant (vent arrière) jusqu’à longer la ligne de crête sous-marine qui forme à la surface deux iles dans le prolongement à l’Est de Madère. Arrivés à leurs niveaux, nous serons pris dans une configuration de changement météo ou sous le vent des îles ( ?), nous contraignants à utiliser le moteur pendant près de 4 heures afin de pouvoir les dépasser. Ensuite le vent semble tourner à l’Est, et si nous apercevons encore bien Madère derrière nous, le ciel lui semble se charger de plus en plus vite.

Sur le bateau, les quarts s’organisent. Nous barrons chacun 2 heures pour ensuite nous reposer les 4 heures suivantes. Christophe nous préparera une bonne dose de riz/légumes !! N’ayant que peu de recul sur le mal de mer, mais confiant, je tente l’expérience et je me dis qu’il vaut mieux avoir quelque chose dans le ventre que pas. De son côté Rod semble plus facilement sujet à ce phénomène, la tentative se termine mal…

Pendant ce temps, les nuages commencent à nous rattraper et nous essuierons un grain. La mer se forme peu à peu, le vent se renforce. Quand je prends mon premier quart de nuit, j’avoue que je ne suis pas serein… Ça bouge pas mal à bord, il faut bien tenir le bateau à la barre, compenser les changements de cap à cause des vagues et surtout faire attention de ne pas faire un empannage sauvage. Il faut rester extrêmement vigilant, surtout avec le pilote auto qui ne fonctionne pas, et nous ne pourrons pas compter sur des repères fixes comme les étoiles, le ciel étant complètement bouché. Ce qui n’empêchera pas notre capitaine d’avoir droit au sien…

Les quarts s’enchainent et se ressemblent mais c’est vraiment très plaisant de se retrouver au milieu de l’océan, face aux éléments !! Il faut rester humble et à l’écoute du bateau. Encore plus de nuit où il faut vraiment sentir le bateau bouger et anticiper. Christophe reste à l’affut et cherche en permanence les meilleurs réglages pour conserver une bonne allure, et à la barre j’attendrais même les 10 nœuds. L’Envol m’impressionne, il avance incroyablement bien !

La journée suivante, nous profitons des moindres moments pour nous reposer car la nuit a mis les organismes à l’épreuve. Un peu de lecture, on s’occupe comme on peut.

La nuit suivante arrive vite et nous sommes passés vent de travers. Moment de stress, le vent forcit et Christophe hésite plusieurs fois avant de nous faire venir sur le pont pour entamer une manœuvre délicate. Nous prendrons 2 Ris pour réduire la voilure, le vent réel dépassant les 30 nœuds !!

Nous en prendrons plein la figure, car sans connaissances maritime solides cela prend nécessairement plus de temps, les erreurs et le danger restent présents.

Heureusement pour le moral lors de mon quart entre 2h et 4h du matin j’ai la chance d’avoir droit à un spectacle magnifique : La lune éclaire le bateau et le ciel partiellement dégagé offre à mon regard une nuée d’étoiles brillant intensément entourées d’un bleu foncé d’une profondeur impressionnante.

La fatigue est difficile à gérer et pour garder les yeux ouvert la mer nous aide un peu en nous envoyant gentiment de bonnes vagues qui viennent frapper le coté du bateau, nous arrosant généreusement le visage !!

A l’aube du 3ème jour, l’ile de Gran Canaria vers laquelle nous nous dirigeons apparait au loin. Et c’est accompagné d’un très beau lever de soleil que nous aurons le privilège d’être escortés par plusieurs dauphins. Quatre d’entre eux feront même un saut groupé devant l’étrave, moment magique !!

Les derniers miles seront plus difficiles à réaliser, naviguant au Prés (vent de face). Nous finirons par utiliser le moteur pour nous rapprocher de l’entrée du port, jouant avec les gros navires qui transitent, avant de rejoindre la marina.

Pas mécontent de rejoindre enfin la terre ferme ! Ça restera une sacrée expérience que j’aimerais renouveler à l’occasion.

Las Palmas, plus grande ville et plus grand port des Canaries si situe le long de la péninsule au Nord-Est de l’ile. Le placement se fera en deux temps pour trouver un gateway, mais nous aurons le plaisir de faire de belles rencontres autour de nous.

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