Controversés Samoa

Iles Samoa
du 15 au 31/08/2017, 16 jours d’escale
46 Mn
2 îles, 3 mouillages
99,2% à la voile

Les deux îles principales des Samoa sont l’île d’Upolu qui abrite la capitale Apia et l’île de Savai’i, plus sauvage et moins habitée, présentée comme une beauté préservée à découvrir sans faute. Plus à l’Est, l’île de Tutuila abrite les Samoa Américaines dont Pago Pago est la capitale, nous sommes passés au large sans y faire relâche.

Les formalités d’entrée aux Samoa se font au sein de la marina d’Apia, les officiels ne semblent pas posséder de bateau leur permettant de visiter les voiliers au mouillage. Nous avons été prévenu que la représentante des Douanes cherche à obtenir sinon un cadeau, au moins une collation des nouveaux arrivants.

Carina, très diplomatiquement, lui demande de se déchausser avant de monter à bord, elle choisit de rester sur le ponton. Sa jeune collègue obtempère. Petit coup de pression de sa part quand elle nous réclame l’original de notre clearance de sortie de Polynésie française. Nous avons fait notre sortie à Bora Bora et notre clearance a été traitée par Papeete (Tahiti) par un échange de mail, procédure standard. Mais c’est une posture de forme de sa part, alors nous faisons mine de chercher fébrilement l’original, lui faisant ainsi allégeance et reconnaissant son pouvoir (de nuisance).

Il faut dire qu’elle a déjà obtenue d’un bateau suédois des corn flakes, repris deux fois ; d’un bateau hollandais, des mueslis, jetés par-dessus-bord ; d’un catamaran français, des canettes de Coca pour elle et son équipe, soit 6 personnes ! Autre lubie, la traduction anglaise de l’acte de francisation du bateau. La tentative d’intimidation s’achève pendant le remplissage des formulaires quand elle lance un « what’s cooking ? ». Carina noie le poisson tandis que nos crêpes refroidissent. Ses extravagantes exigences semblent proportionnelles à la taille du bateau, notre petit voilier passera-t-il entre les mailles du filet ?

A mon grand soulagement, ces formalités pénibles et humiliantes sont expédiées assez rapidement, nous retrouvons notre liberté d’être et d’agir. Après la simplicité administrative et l’accueil chaleureux expérimentés en Polynésie française, les Samoa semblent, de prime abord, inhospitalières. Le lendemain, nous quittons la marina pour établir nos quartiers dans la baie d’Apia.

40 rameurs, ça dépote !

40 rameurs, ça dépote !

Après 2 mois de navigation dans les îles de la Société, truffées de petits villages, la ville d’Apia et ses 40’000 habitants nous semble grande, bruyante et la quantité de taxis disproportionnée. Ils compliquent le stop et leurs façons intrusives d’interpeler le touriste à coup de klaxon est particulièrement horripilantes.

Upolu en stop

Upolu en stop

Malgré tout, le stop marche bien, nous rencontrons des gens très sympathiques, amoureux de leur île. Avec leur aide, nous partons à la découverte d’Upolu. Nous gravissons la colline où repose Robert Louis Stevenson (auteur du roman Dr Jekyll et Mr Hyde), à Togitogiga Waterfall, nous profitons d’une baignade rafraichissante dans une rivière embalconnée de cascades, nous tentons de rejoindre, sans succès, les grottes de Peapea perdues dans la jungle. Le gardien du parc national n’était pas très loquasse, seule nos signatures dans son registre semblaient l’intéresser, pas moyen d’avoir la moindre information sur le sentier à emprunter, il semble que prendre un guide soit la seule option !

Ma Tree dans le parc national du O Le Pupu-Pu’e

En Polynésie française, la nourriture était hors de prix, certains légumes, comme les tomates à sept euros le kilo nous étaient proscrites. Aux Samoa, le coût de la vie est faible et nous mangeons bien, délaissant les boîtes de conserve et faisant le plein de vitamines.

En revanche, pas facile de trouver un endroit où se connecter à internet. Nous finissons par découvrir sur le front de mer, juste en face du mouillage, le bon plan de l’hôtel Sheraton. Confortablement installé dans le lounge, nous profitons d’un internet gratuit.

Dix jours passent, Upolu ne nous séduit pas, elle manque de caractère, les puissances étrangères l’assistent dans ses moindres constructions avec en contrepartie, des droits au pillage, notamment forestier et pêche. Ici comme ailleurs, la course aux ressources justifie tout les excès !

Un créneau correcte se dessine pour rallier l’île de Savai’i, 45 milles au NW. Cette dernière ne dispose pas de port de sortie officiel mais l’administration nous délivre notre clearance par anticipation avec un permis de croisière émanant directement du cabinet du premier ministre ! En compagnie d’un autre voilier français avec à son bord, Gérald, Sandrine et leurs enfants adolescents, nous jetons l’ancre dans la baie de Matautu au début de la côte Nord de Savai’i.

Désillusion, nous nous rendons vite compte que chaque curiosité naturelle est une attraction touristique, encadrée, grillagée, aseptisée et payante ! Savai’i est un gigantesque parc d’attraction. Le prospectus répète inlassablement le même refrain : « fee requiered ».

« Le parc d’attraction »

Nous voulions gravir gratuitement et en autonomie son point culminant, le mont Silisili, 1’866m, mais malgré une rencontre avec le chef du village qui gère son accès, il ne sera pas possible de s’affranchir des droits d’ascension. Encore une fois, nous passons notre chemin, pas question de participer à une logique de nature payante.

Tour de Savai'i en benne

Tour de Savai’i en benne

En remplacement, nous ferons le tour de l’île en stop, vivant quelques situations bien cocasses, comme dans la benne de ce petit camion tentant de nous protéger avec des cartons des pluies tropicales qui croisent notre route.

Le mode de vie Samoa est organisé autour du fale, un toit sur colonnades (sans mur), sous lequel la famille vit et dort à l’air libre sur de minces paillasses. Pas de télé, pas de frigo, une nourriture saine. Une vie simple et sobre où la culture polynésienne est bien préservée et pas encore trop polluée par le modèle occidental. Le fale est aussi un lieu de rassemblement et d’accueil. Les alentours sont toujours propres. Des adultes aux enfants, chacun participe à l’entretien des lieux, débroussaillage, ramassage des feuilles, plantage d’une jolie clôture végétale. A côté du fale, une maison « normale » est construite pour les jours ventés et pluvieux, la tradition cède du terrain…

Pas facile de se reposer dans ce mouillage, le fond de sable est de bonne tenue, pas de fetch ni d’entrée de houle mais le coup de Maramu qui sévit fait siffler le gréement, éviter le bateau et nous maintient éveillé aux aguets. Après cinq jours de ce traitement, nous levons le camp avec la fin prévue des hostilités, cap est mis sur les îles Wallis, 225 milles à l’Ouest.

Originellement nous voulions poursuivre sur Niuatoputapu aux Tonga, 180 milles au SSW, comme indiqué dans notre clearance. Gérald et Sandrine en venaient, leur description ne nous a pas donné envie de tirer ce long bord de près. Les Tonga semblent une destination galvaudée, avec des formalités d’entrée plus compliquées et plus coûteuses. Nous allons plutôt emboîter leurs pas en renouant avec l’influence française cette fois en Mélanésie, c’est parti pour Wallis, une route moins fréquentée des voiliers !

Les mouillages de L’Envol aux Samoa :

- Apia (marina), île de Upolu GPS 13 49.66 S 171 45.57 W
- Apia (mouillage), île de Upolu GPS 13 49.82 S 171 45.74 W
- Baie de Matautu, île de Savai’i GPS 13 26.81 S 172 21.89 W








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La trace GPS du bateau, nos traces GPS à terre (en trek, en stop…) et nos waypoints d’escales dans les îles Samoa sont visibles et téléchargeables gratuitement à partir de cette carte du voyage interactive. Sur un fond d’images satellites, vous pouvez zoomer, vous déplacer et cliquer sur les traces et les escales de L’Envol pour obtenir plus d’information.

Publié le 5/12/2017 de la bibliothèque de Paihia, Bay of Islands, île du Nord, Nouvelle-Zélande, GPS 35 16.96 S 174 5.44 E

Envie de nous donner un coup de main ? Visites la page de financement participatif de L’Envol : www.intothewind.fr/crowd-funding/

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