Enfin la Tasmanie !

Stats Australie :

Position : Strahan, Macquarie Harbour, île de Tasmanie
Arrivée : 28/12/2019
Distance parcourue : 6’851 Mn
Temps passé : 196 jours
Moteur : 147 Mn
Mouillages : 108
Visa restant : 170 jours

Les horaires sont en heure locale de l’état de Victoria (UTC+10:00) puis de l’état de Tasmania (même fuseau horaire UTC+10:00), formatés sur 24 heures

Préambule

Nous sommes à Portland. Les 20 et 21/12 prochains un front froid à notre Sud affectera la côte Ouest de Tasmanie et un creux barométrique ou talweg (trough en anglais) traversera notre zone côtière puis le détroit de Bass. Il nous ouvre une fenêtre de 36 heures, bornée en début de créneau par un vent d’Est frais contraire à notre progression et en fin de créneau par l’arrivée sur la côte d’une grosse houle de SW (5m) générée par le passage du front froid. Les périodes qui précédent et succèdent au passage du creux sont exploitables. Dans l’intervalle perturbé nous devrons être abrités car des rafales tempétueuses et une activité kéraunique sont à craindre.

Durant la première période le vent d’Est bascule à l’Ouest dans une rotation par le Nord offrant quelques heures de vents maniables le 20/12. Le passage du creux, pendant lequel le vent bascule au SW, dure une petite dizaine d’heures dans la soirée et la nuit. Ensuite la houle met plus de 20 heures à nous parvenir dans la nuit du 21/12 mais nous devons atterrir à Apollo Bay de jour car la houle peut casser dans l’entrée du port et un banc de sable obstrue en partie le passage.

Port Fairy à quelques 30 milles de Portland, situé dans une rivière étroite, bordée d’arbres, est l’endroit parfait pour laisser passer le creux et nous avons tout juste le temps pour l’atteindre avant les événements. Il faudra par contre en repartir de nuit car la distance à couvrir jusqu’à Apollo Bay est conséquente, 80 milles, et que nous devons y atterrir de jour.

J1, 20/12 à 19:00 – Passage du creux

J1, 20/12 à 19:00 – Passage du creux

L’image Grib synoptique du 20/12 à 19:00 met bien en évidence la convergence des vents sur notre zone côtière (à ce moment L’Envol est en standby à Port Fairy) :

  • Un flux de SW provenant pour partie d’une dépression au SW dans les cinquantièmes et pour partie d’un anticyclone au SSW du cap Leeuwin par 41°S ;
  • Un flux de NE provenant d’un anticyclone à l’Est du détroit de Bass par 39°S.
  • A 19:00, les deux flux d’air se rencontrent frontalement dans le détroit de Bass – un couloir qui participe à l’accélération des vents – générant un mouvement vertical ascendant de l’air et une pression plus basse à cet endroit. Ce creux barométrique est matérialisé par une déformation ponctuelle dans la rotondité habituellement homogène des courbes isobariques de la dépression. Dans notre cas, il s’étire sur un axe Nord-Sud. A l’image d’une vallée géographique (talweg), la pression décroit en se rapprochant du centre de la dépression. Dans le zoom de détail, le creux est mis en évidence par la lettre « L » (Low) et le serpentin bleu qui passe sur Grassy (King Island). Le creux, tout comme la dépression dont il est une excroissance, se déplace vers l’Est.

    J1, 20/12 à 19:00 – Zoom de détail

    J1, 20/12 à 19:00 – Zoom de détail

    Dans le vif

    Jour 1

    > Vendredi 20 décembre 2019
    > 6 heures 10 de navigation
    > 33 Mn sur la route directe
    > 5,3 Nds de vitesse moyenne
    > 1,3 Mn au moteur

    Le matin, le vent tarde à venir mais à 10:30, 15 nœuds de Nord débarquent subitement. Alors que nous sommes encore dans les manœuvres de départ, c’est 25 nœuds qui soufflent sur le plan d’eau. Les 2 ris dans la GV bordée plat m’aident à remonter la chaîne : le bateau tirant seul des bords autour de son mouillage, je profite du soulagement de la chaîne entre deux changements d’amure pour la brasser à toute vitesse dans la baille à mouillage. J’avale les derniers mètres de façon à déraper bâbord amure sur notre futur cap.

    Résumé météo

    Départ à 11:00. Un court bord de près serré pour sortir du port et nous pouvons abattre au travers. Cap à l’Est bâbord amure dans du NNW teigneux en provenance du continent. La proximité de la terre nous donne des rafales à 27 nœuds. Puis en nous éloignant au large dans la traversée de la baie de Portland, les conditions se tassent un peu. Le vent encore Est durant la nuit a entamé sa rotation à l’Ouest. Les vagues restent sous contrôle car nous sommes sous le vent de la côte.

    15:00, la baie est presque franchie, le vent tempétueux a repris mais il a tourné NW et nous sommes passés au largue. Peu avant Boulder Point, nous touchons 28 nœuds. Cet air sec, arraché au désert, qui nous parvient en bouffées ardentes (+40°C), nous donne l’impression de naviguer dans un toaster ! Il ne vient pas seul mais accompagné de centaines de mouches qui harcèlent nos voies respiratoires. Je défends notre territoire, le bout dans une main, un journal roulé dans l’autre.

    Anticipant notre retour près du relief, le troisième ris est pris. Un peu plus abattus, nous touchons 30 nœuds réels, culminant à 35 nœuds dans les surventes. Contournant Griffith Island sur un cap au NE on retrouve brièvement le près (bâbord amure). Nous remontons ensuite la rivière Moyne au moteur dans un étroit canal d’une cinquantaine de mètres avant de s’amarrer au quai de la rive Ouest non loin du petit centre ville de Port Fairy. Il est 17:10, nous savourons la tranquillité des lieux.

    L’Envol amarré au quai de la rive Ouest de Moyne River (Port Fairy)

    L’Envol amarré au quai de la rive Ouest de Moyne River (Port Fairy)

    Comme prévu, en soirée le vent bascule au SW dans un ciel zébré d’éclairs. Il ne faudra que quelques minutes à cet air frais, en provenance directe d’Antarctique, pour diluer et remplacer la suffocante chaleur environnante. Nous perdons 20 degrés dans l’opération et Port Fairy enregistre son jour le plus chaud. Amarrés en contrebas du quai, toutes les vilénies au vent s’invitent à bord. La place, la route et plus loin encore sont ratissées par le vent délestant feuilles, branches et gravillons sur le pont et dans le cockpit tandis qu’une poussière sombre recouvre peu à peu L’Envol.

    Le Harbour Master nous apporte la bonne nouvelle, il est possible de s’amarrer sans frais (une nuit) de l’autre côté du canal et profiter d’un bloc sanitaire avec douche chaude et machine à laver gratuite ! On s’empresse de changer de rive pendant la tombée de la nuit. Amarrés sous le vent du canal et non plus de la terre nous pouvons rincer le pont du bateau qui fait grise mine. Il est tard quand nous prenons du repos, un repos limité a une petite heure car le réveil nous tire d’une douce torpeur à 2:00 du matin.

    J1-4 Départ de Portland, Port Fairy, Apollo Bay

    J1-4 Départ de Portland, Port Fairy, Apollo Bay

    Jour 2

    > Samedi 21 décembre 2019
    > 13 heures de navigation
    > 80 Mn sur la route directe
    > 6,1 Nds de vitesse moyenne
    > 0,8 Mn au moteur

    A 2:35 du matin, nous sommes en marche dans le canal. Sortis de la protection offerte par les grands pins, nous touchons du vent portant, nous saluons sous voiles la sortie du canal, laissant ses feux verts et rouges dans le sillage.

    Résumé météo

    Jusqu’au cap Otway, un long bord de 65 milles entre petit largue et largue nous attend, une navigation rapide à l’ESE tribord amure dans un vent soutenu de SSW, 2 ris dans la GV. 13:40, pourtant à 1,5 mille de la côte, le rebond de la houle sur les falaises du cap Otway génère encore de grosses vagues et une mer confuse. Après l’avoir arrondi, nous poursuivons au NE les voiles en ciseaux à 170 degrés du vent apparent, tribord puis bâbord amure suite à un empannage.

    Tournant Point Bunbury et ses récifs à distance respectable, nous nous présentons à l’entrée d’Apollo Bay sur l’axe recommandé (l’alignement reporté sur la carte est caduc) : la rivière encaissée de Wild Dog Creek sur l’arrière alignée avec la rampe de mise à l’eau dans le port. Un cap au 187 qui doit serrer à tribord la jetée du port. 15:40, nous prenons ce que nous pensons être la bouée de John et Chris.

    Le petit port d’Apollo Bay

    Le petit port d’Apollo Bay

    Dans un refrain connu, on sort l’annexe de sa soute, on la gonfle et on débarque au Yacht Club. Les voileux du coin sont là d’autant plus que la régate du jour a été annulée, trop de vent. Mick nous coach pour la suite, il nous parle de ses mouillages préférés en Tasmanie, son amour inconditionnel pour cette île sauvage au climat difficile transparaît dans ses propos. Nous n’en sommes plus très loin, King Island, aux avant-postes, n’est qu’à 85 milles d’ici !

    Anton nous propose de prendre une douche chez lui où nous faisons la connaissance de Kelly, sa femme, et ses deux enfants. Nous sommes invités à manger ! Puis Anton nous emmène au Marriner’s Lookout, un promontoire d’où nous pouvons embraser du regard toute la majesté du paysage : l’océan sur l’horizon, la houle creusant ses sillons, les vagues déroulant sur la grève en rangs parallèles, la Great Ocean Road soulignant le découpage de la côte, la ville et ses alpages verdoyants adossant d’arborées collines avec, sur l’une d’entre elles, des silhouettes immobiles dédoublées de leur ombre siamoise – c’est nous, contemplant l’infini au loin et sa tangible réalité en contrebas.

    Morgane, la fille de Kelly, nous dévoile ses topos de randos sur la Tasmanie. Nous les prendrons en photos à moindre frais, c’est aussi autant de poids de gagné. Les livres sont en nombre limité à bord de L’Envol : une vieille édition du Cours des Glénans, La Longue Route, quelques petits livres de cuisine et atlas, un dictionnaire de français au format poche, deux minis Harrap’s espagnol et anglais, surtout des carnets de notes et de croquis de Carina.

    Controverse du cray pot

    Controverse du cray pot

    Depuis Portland, à Port Fairy et ici à Apollo Bay, le thème de l’eau potable est un problème récurent. L’eau distribuée au robinet sur cette partie de côte a un goût affreux qui la rend impropre à la consommation. Les locaux collectent de l’eau de pluie ou achètent de l’eau en bouteille. Nous avons pour le moment assez de stock pour repousser cette corvée à plus tard.

    Cette journée dense s’achève bientôt, nous sommes contents de retrouver L’Envol. Reste encore un dernier problème, avec les plantes marines qui prolifèrent sur le fond, il est difficile d’apprécier la profondeur réelle, le sondeur lui est pessimiste, on risque d’échouer à la prochaine marée basse. La nuit est tombée, le vent aussi, on en profite pour déplacer le bateau sur une bouée au centre du port.

    Jour 3-4

    > Dimanche 22 et lundi 23 décembre 2019
    > 48 heures au mouillage

    La forte houle (5m) casse dans le passage

    La forte houle (5m) casse dans le passage

    Nous sommes coupés du monde pour quelques jours, la houle casse dans l’entrée du port sursoyant à tout trafic.

    Dimanche nous nous prélassons. Lundi, nous rencontrons John et Chris, un couple de retraités charmants qui possèdent un petit voilier dans la marina. Chris nous emmène avec elle à la ville voisine de Colac distante de 70 kilomètres pour un avitaillement en nourriture. Le coût de la vie à Apollo Bay, une ville très touristique, est trop élevé pour envisager de le faire au supermarché local. Nous profitons aussi d’une dernière douche chaude chez eux car demain 24/12 avec la houle qui se sera lissée, un flux d’Est maniable pourrait nous transporter à travers le détroit de Bass jusqu’à King Island.

    Bonne nouvelle, le responsable du port nous offre en cadeaux de Noël deux nuits sur les trois passées sur la bouée, ramenant à un tarif raisonnable (36 $) ce stop stratégiquement incontournable. Le port semble avoir d’importants frais pour éviter l’ensablement, lundi la drague était en service toute la journée pompant dans l’entrée le sable que les vagues déposent.

    Jour 5

    > Mardi 24 décembre 2019
    > 17 heures 30 de navigation
    > 91 Mn dont 85 Mn sur la route directe
    > 5,2 Nds de vitesse moyenne
    > 0,5 Mn au moteur

    J5-7 Apollo Bay, Grassy (King Island)

    J5-7 Apollo Bay, Grassy (King Island)

    Pour ce Noël que nous allons passer en mer, nous naviguerons dans le flux d’Est du flanc Nord d’un anticyclone transitant sous la Tasmanie. Nous devrons être arrivés à King Island avant le matin du 25/12 pour deux raisons :

  • La pétole s’installe sur le détroit de Bass confronté à un marais barométrique entre notre anticyclone qui s’éloigne à l’Est et le suivant qui nous vient par l’Ouest ;
  • La marée à faveur s’inverse avec la fin du jusant.
  • Les locaux se méfient des créneaux d’Est, le venturi du détroit de Bass pouvant engendrer des conditions fortes. D’autre part ce régime de vent signifie une navigation au près serré, une allure difficile.

    Résumé météo

    Les vents rencontrés se sont avérés plus pointus que le Grib ne le laissait supposer

    Départ à 10:45. Nous sortons du port sous voiles, serrant la jetée à bâbord dans un passage encore rétréci par l’emprise de la drague déjà en service à tribord. Jusqu’à midi, nous louvoyons dans des vents légers d’ESE. Ensuite, le vent adonne un peu et nous pouvons prendre un cap direct (157°) au SSE. Nous sommes bâbord amure au près serré.

    Foucade escorte

    Foucade escorte

    De 13:30 à 17:30, le vent tourne Est et fraîchit progressivement. Nous poursuivons à la même allure sur un cap évoluant au 146, délaissant la route directe afin de gagner au vent, en prévision du maximum de brise de l’après-midi. A 16:00, nous prenons 2 ris dans 16 nœuds de vent réel. A 17:30, le vent se renforce encore. Notre laisse de chien nous a déjà permis de reprendre près de 4 milles dans l’Est, signifiant si nous abattions sur la route directe, un cap au 164, nous avons gagné 7 degrés, toute la différence entre près serré et début du bon plein ! Nous puisons dans la cagnotte angulaire suffisamment pour infléchir notre trajectoire vers notre but, la côte Est de King Island. L’Envol accélère à plus de 6 nœuds.

    A 18:45, nous touchons 20 nœuds, la trinquette est envoyée en place du génois, nous sommes au bon plein. A 17 milles de Lavinia Point, l’angle NE de l’île, nous sommes de retour sur notre route directe, cap au 167. Nous avons grappillé au total une dizaine de degrés au vent.

    A 22:30, en approche de la côte Est de King Island, nous abattons plein Sud pour la longer à distance. Nous passons au petit largue. La mer maniable jusqu’ici devient désagréable le long de l’île, probablement un effet du rebond des vagues et du courant de marée encore contraire à notre progression (le flot). L’Envol ralentie sensiblement. Nous évoluons à quelques 3 milles de la côte durant une vingtaine de milles. A mi-course, nous laissons à tribord Sea Elephant Reef et le phare de Councillor Island. La marée a changé sa course et le jusant nous emmène maintenant à plus de 6 nœuds.

    A 2:00, nous commençons le contournement du coude SE de l’île dans une large parabole adonnante ayant pour cible Grassy Harbour. Nous prenons une bouée dans le port à 4:10. Repos.

    Jour 6-7

    > Mercredi 25 et jeudi 26 décembre 2019
    > 48 heures au mouillage

    En touchant King Island, nous avons quitté l’état de Victoria pour celui de Tasmania, l’heure locale reste en UTC+10:00, majorée de l’heure d’été.

    La nuit courte se prolonge dans la matinée. Sortis du lit breton, nous ouvrons impatiemment nos cadeaux mettant fin à de nombreuses spéculations. Nous découvrons des sablés gourmands, l’un en forme de sapin de Noël et l’autre à l’effigie de Rudolphe (le renne du Père Noël), merci Wendy et Jonathan pour cette charmante attention !

    L’ex-mine de Grassy, au fond le port

    L’ex-mine de Grassy, au fond le port

    Le petit port excentré de Grassy est désert. A quelques kilomètres, le village proprement dit a subi un exode massif depuis l’arrêt de l’activité minière. Il dispose néanmoins d’un bloc sanitaire fonctionnel avec une douche chaude bien qu’il émane de l’eau jaunâtre une odeur entêtante de souffre. On ne se laissera pas intimider pour autant. Dommage, l’eau délivrée au robinet n’est toujours pas potable. On s’en servira pour rincer le bateau, une habitude que nous avons prise sur la côte Ouest pour diluer la gangue de sel formée autour de l’accastillage par les embruns d’étrave du près et les vagues submergeantes du travers.

    Tant pis pour les kangourous !

    Tant pis pour les kangourous !

    Nous visitons en stop la côte Ouest. Commençant à pied, nous constatons les ravages nocturnes de la circulation sur la population de kangourous. Le bas-côté est jonché de cadavres, les plus récents dégageant un fumet pestilentiel. En voiture nous traversons des alpages avec des vaches et des forêts mais point de montagnes. King Island est connue pour ses fromages et sa fruitière mais nous n’aurons pas le temps de passer la voir. Nous déambulons dans le port de Currie, une base arrière pour de nombreux bateaux de pêche aux homards. Puis après quelques courses au village et la mise à jour de la trace du bateau sur le site internet grâce au wifi de la bibliothèque, nous rentrons par le même chemin.

    Pour rejoindre Hells Gates sur la côte Ouest de la grande île de Tasmanie nous avons 140 milles à couvrir dans les quarantièmes. Le bulletin météo local et le fichier Grib ne sont pas d’accord mais nous décidons quand même de saisir le créneau car c’est le seul avant longtemps. Dans la version pessimiste nous pourrions être confrontés à une quarantaine de nœuds (au près) puis à pétole dans les derniers 40 milles !

    Jour 8

    > Vendredi 27 décembre 2019
    > 24h de navigation
    > 120 Mn dont 117 Mn sur la route directe
    > 5 Nds de vitesse moyenne
    > 9,4 Mn au moteur

    J8 En route vers l’île de Tasmanie

    J8 En route vers l’île de Tasmanie

    Départ à 10:50, cap au SSE au près serré bâbord amure. Le détroit de Bass est franchi dans des conditions encore maniables alors que le vent commence à forcir dans l’après-midi et que sa rotation au NE se fait toujours attendre. Afin de diminuer le fetch des vagues et d’éviter la zone de vent critique nous visons la protection de la côte de Tasmanie dans une trajectoire en laisse de chien. Ainsi nous nous écartons de la route directe pour nous constituer une petite réserve angulaire au vent.

    En soirée, le vent monte encore et nous abattons de 5 degrés. Nous persévérons à 47 degrés du vent apparent sous 2 ris avec le génois enroulé d’un tiers. La trinquette est prête à l’envoi, arisée, gréée sur l’étai largable déjà partiellement étarqué. La côte se rapproche, nous sommes à 16 milles sous le vent de l’île Hunter au NW de la Tasmanie. Malgré la houle de SW par tribord et la mer du vent par bâbord, la mer reste belle. Le vent forcit en rafales (25 Nds) tout en adonnant, nous abattons passant progressivement du près au travers. En conséquence, L’Envol s’ébroue et accélère à plus de 7 nœuds, un rythme que nous tiendrons durant quatre heures.

    Nous avançons bien toute la nuit avec un max à 35 nœuds avant le Sandy Cape mais comme prévu, le vent tombe une dizaine de milles après et le moteur est mis à contribution. En début de matinée, il nous revient par l’WNW, faible et mal établi, nous permettant néanmoins de poursuivre sous voiles (tribord amure). La trinquette n’aura pas servie, nous la ramenons à son emplacement habituel, au pied de mât, le long de la capote rigide.

    Résumé météo

    Jour 9

    > Samedi 28 décembre 2019
    > 10 heures 45 de navigation
    > 33 Mn sur la route directe
    > 3,1 Nds de vitesse moyenne
    > 3,6 Mn au moteur

    J9 Hells Gates, Macquarie Harbour, Strahan (île de Tasmanie)

    J9 Hells Gates, Macquarie Harbour, Strahan (île de Tasmanie)

    Cap au SE tribord amure. Le vent tourne W puis WSW, prend un peu de vigueur vers midi puis retombe en début d’après-midi. Tant mieux, il nous faut laisser passer du temps afin de franchir Hells Gates le plus proche possible de l’étale. Sujette à un continuel courant sortant, cette impressionnante étroiture donne accès à un vaste plan d’eau, le Macquarie Harbour. Nous sommes encore à plusieurs milles au large et le courant se fait déjà sentir.

    Entrance Island, son phare, Hells Gates

    Entrance Island, son phare, Hells Gates

    La fin d’après-midi s’écoule au ralenti, à moins d’un nœud. A quelques centaines de mètres des portes nous ne progressons plus sous voiles, le moteur vient les complémenter. Dans Hells Gates, la veine de courant est en travers du passage, le clapot qu’elle génère lui donne une allure de rapide. Moteur à fond, les voiles appuyées par le travers dans ce goulet venteux, nous traversons sans difficulté les 3 nœuds estimés de courant.

    Hells Gates

    Hells Gates

    Le chenal qui suit draine des eaux plus calmes. Avant d’en sortir et de prendre un cap au Nord vers le village de Strahan nous repassons sous voiles seules. Final au travers bâbord amure dans Macquarie Harbour. 21:30, l’ancre touche le fond de Risby Cove juste avant la tombée de la nuit.

    Dans le même temps, les premiers concurrents de la Sydney – Hobart arrivent sur la côte Est. Cette régate précoce en saison fait office de marqueur du début de l’été. C’est traditionnellement dans son sillage que la saison de voile s’ouvre en Tasmanie !

    A suivre…

    ————–

    La trace GPS du bateau, nos traces GPS à terre (en trek, en stop…) et nos waypoints d’escales en Australie sont visibles et téléchargeables gratuitement à partir de cette carte du voyage interactive. Sur un fond d’images satellites, vous pouvez zoomer, vous déplacer et cliquer sur les traces et les escales de L’Envol pour obtenir plus d’information.

    Publié le 21/02/2020 depuis le mouillage de Risby Cove, village de Strahan, Macquarie Harbour, île de Tasmanie, Tasmania, Australie, GPS 42 9.26 S 145 19.91 E

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